Allez savoir pourquoi je croyais que ce Ferrara là était un peu moins mauvais que d'ordinaire... La faute au casting, j'imagine, particulièrement relevé, et des notes de mes éclaireurs, qui ne le sont pas moins.
L'histoire est idiote de bout en bout, avec Christopher Walken en chef de gang qui sort de prison et replonge dans les affaires en massacrant allègrement tout ce qu'il peut afin de restaurer un hôpital pour les pauvres dans son quartier d'origine, on croit rêver... Un Larry Fishburne absolument épouvantable de cabotinerie dopée lui sert de tueur en chef et l'ensemble se balade lourdement entre pseudo soirées défoncées avec filtres bleus et soirées de spectacle avec filtres rouges, le tout parfaitement gratuitement, bien sûr, parce que Ferrara est un enfant ignare qui n'a jamais été capable de filmer quoi que ce soit et qui se noie dans un n'importe quoi outrancier à peine sauvé par-ci par-là d'une petite intuition qui fait mouche.
Après tout, pourquoi s'emmerder, le brave Abel ne va pas sortir son nez de la poudreuse pour essayer un jour de faire enfin un vrai film, vu que les étrons qu'il dépose régulièrement sur le trottoir sont acclamés par toute la critique parisienne et new-yorkaise à grands cris d'admiration devant ce génie tellement libre qu'il a le droit de faire n'importe quoi n'importe comment. Suffit de tartiner deux ou trois thèmes torturés par-dessus, un rapport infantile à la violence et au sexe et un goût pour la provocation adolescente et ça suffit pour faire une carrière...
A un moment, Steve Buscemi sert de chimiste pour le gang de dealer, ça dure deux minutes, mais bon, c'est déjà ça... Parce que, pour le reste... On a des flics qui commencent à faire n'importe quoi, ce qui aide pas à rendre le film intéressant vu que personne ne fait même semblant d'agir de façon réaliste ou seulement logique. Ici, on a le droit à un trio de choc avec Victor Argo, David Caruso et Wesley Snipes, mais les rôles sont à la fois tellement convenus et parfaitement ineptes que ça n'autorise pas le regard bonhomme dont je suis pourtant coutumier.
Au milieu de tout cela, Christopher Walken promène son visage blafard de héros de bandes-dessinées de seconde zone sans trop savoir ce qu'il fait mais on lui pardonne presque.
De toutes façons, le profond amateurisme de l'ensemble laisse à ce point le spectateur sans voix qu'il paraît parfaitement inutile de continuer plus avant.