On n'est pas obligé d'être un fidèle de Judd Apatow, et l'on peut même l'avoir ignoré des années durant, pour de bonnes et de mauvaises raisons, et sortir en grande partie enthousiaste de The King of Staten Island, sans avoir au préalable d'attentes démesurées. C'est le côté perfectible, et de son héros et du film lui-même, qui séduit, à savoir ses côtés fourre-tout, pas très bien rangé, peu orthodoxe et politiquement incorrect, entre autres. Que le scénario s'inspire en grande partie de la vie de son acteur principal, Pete Davidson, jamais totalement remis de la mort de son père pompier, participe évidemment à ce sentiment de se trouver au milieu d'une histoire intime et douloureuse, tant les thèmes de l'acceptation d'un deuil et de la difficulté de se reconstruire irriguent tout le film. Mais Judd Apatow a bâti autour une véritable comédie, parfois bien barrée, qui remet tout en perspective en mélangeant de manière brillante, quoique parfois anarchique, éléments drolatiques et dramatiques. The King of Staten Island est terriblement bavard et aurait pu couper court, parfois, et mettre davantage en évidence les particularismes du quartier de Staten Island, mais il s'avère en contrepartie d'une richesse foisonnante dans l'analyse des caractères de ses protagonistes, jamais coincés dans une quelconque uniformité. A commencer par celui de sn héros de 24 ans, inadapté aux relations humaines, mais qui, d'agaçant, devient peu à peu touchant, incarné par Pete Davidson, remarquable. Impossible enfin de passer à côté de Marisa Tomei, actrice de haute volée, qui livre ici une prestation immense en veuve et mère d'une infinie humanité.

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le 25 juil. 2020

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