Passé décomposé !
Un préquel aux Kingsman, d'accord, je prends. Si cela peut laisser le temps à Matthew Vaughn de rattraper la cata du deuxième volet (non, une grande méchante ne faisant que péter les plombs toutes...
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le 29 déc. 2021
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Je l'avoue, j'ai été très surprise par ce film. Par son ensemble et par certains moments aussi.
Surprise dans le bon sens puisque je n'en attendais pas grand chose de plus qu'un divertissement, certes bien fait, mais qui n'irait pas chercher bien loin. Comme le premier, très sympathique et efficace et en espérant pas comme le second, qui pédale dans le n'importe quoi mal fichu.
En plus, j'ai un sérieux problème avec les préquelles en général. Je les trouve au mieux inutiles, au pire sans intérêt.
Mais ce n'est pas le cas ici.
L'origine de l'organisation Kingsman est intéressante et pleine de sens. Elle raconte l'histoire de gens qu'on a envie de connaître, qui ne sont pas des stéréotypes sans consistance et sans intérêts mais qui affrontent, par contre, des clichés ambulants. C'est peut être le point faible du film. J'y reviendrai.
D'autre part, Ô surprise, l'Histoire n'est pas totalement démolie à grands coups de pelle dans la tronche!
En effet, j'ai plutôt l'habitude, et cela va en s'intensifiant ces dernières années, de voir l'Histoire tournée dans tous les sens et les évènements dénaturés pour convenir aux films ou aux sensibilités. Je vois rarement un scénariste qui fait son boulot et positionne son histoire dans la grande en la respectant. Ici, il est important de le noter, le scénario tient presque du miracle. Le contexte historique est utilisé pour faire avancer l'histoire et les personnages. C'est de la fiction historique façon Les Rois Maudits : c'est ça mais en même temps c'est pas ça, si vous suivez ma pensée.
Les évènements racontés et tournés à la sauce Vaughn sont très proches de la réalité! J'en suis restée bouche bée.
Les Kingsmen s'incluent parfaitement dans l'Histoire, ne la change pas et se contentent de pédaler derrière le rideau des secrets politiques.
Un exemple, Raspoutine. Bien sûr, il n'était pas membre du Smersh/Spectre (le clin d'oeil est facile à identifier) mais à part la manipulation du proto-Blofeld, les évènements qui le concernent sont très proches de sa vie et notamment sa mort. Ce n'est pas que je m'intéresse particulièrement à Raspoutine, mais le récit de sa mort est tout de même assez extraordinaire puisque le rapport officiel cette fameuse nuit rapporte qu'il aurait été empoisonné, battu, poignardé à plusieurs reprises, noyé puis abattu d'une balle. Bien sûr, dans la réalité, la balle a suffit mais c'est Kingsmen, ils ont évidemment choisi de s'inspirer du premier rapport d'autopsie diabolisant Raspoutine. Ce sont peu ou prou les bonnes circonstances mais bien sûr ce ne sont pas les Kingsmen qui s'en sont chargés. Mais c'est agréable à voir et moi, cela m'a faire rire encore plus.
Mis à part ça, la réalisation est à la fois classique et vaughnesque mais plus épurée que dans les autres opus dont plus digeste. Ses tics de réalisation sont parfois un peu lourds, il les utilise ici avec parcimonie et à bon escient.
Les scènes d'actions sont excellentes et rendues plus lisibles que dans les précédents film.
Ce qui me permet d'enchainer sur l'excellente reconstitution de la première guerre mondiale. Les tranchées, le no man's land, la proximité des combattants, la nervosité de ceux-ci. C'est, encore une fois, vaughnesque dans le visuel mais parfaitement raccord niveau imagerie et ambiance.
Le film est également assez dur, fournissant des morts très inattendues
notamment celle du fils de Ralph Fiennes à laquelle je ne m'attendais pas du tout mais qui donne une excellente et très bonne raison pour la création des Kingsmen
Le contexte historique est donc parfaitement respecté et utilisé, les personnages sont bien gérés et construits et les méchants laissent à désirer.
Inspiré de l'univers de James Bond, l'agence Kingsman a toujours plongé à pieds joints dans le méchant over the top avec son repère impossible et cet épisode ne fait pas exception.
Et le groupe de supers vilains, raccords avec la période, mené par un chauve qu'on voit toujours de dos et qui leur donne une bague qui sera leur code d'identification .... he bien, en ayant vu ou lu un seul James Bond (les anciens, parce que les derniers ont loupés le coche sur cette imagerie) on doit être en mesure de reconnaître le Smesch/Spectre et son chef Blofeld.
Il est entouré de Raspoutine, de Mata Hari et d'autres dont le nom m'échappe mais qui chacun est placé dans un poste stratégique en Europe pour la faire exploser.
D'abord fort mystérieux et appelant à l'utilisation de ses méninges, le super vilain en question est assez rapidement identifié.
On engage pas Matthew Goode pour en faire un aide de camp qui ne fait presque rien et qui meurt au premier tiers du film.
Dommage également que sa motivation soit si mince et qu'il soit un inconnu. Avec une table pleine de personnages historiques, il aurait pu être mieux travaillé.
Le casting est quant à lui excellent en commençant par Ralph Fiennes toujours à l'aise entre suavité et menace. C'est un acteur que j'aime beaucoup et qui s'essaye à l'action avec compétence.
Gemma Aterton est un très bonne aussi, bien qu'un peu trop mécanique. Sa nanny rigide manque de naturel et les "oneliners" sont un peu forcés mais elle fonctionne également.
Djimon Hounsou est un excellent compagnon de lutte de Fiennes et leur duo marche à merveille. Ca fait plaisir de voir Djimon dans un rôle où il est reconnaissable et où il peut faire quelque chose d'autre que hurler ou se battre même s'il le fait très bien.
Rhys Ifans est un Raspoutine plus vrai que nature. Cet acteur est un vrai cadeau du ciel entre méthode et gros nawak!
Charles Dance inonde l'écran de sa classe et de son charisme en Horatio Kitchener. La vision de cette personne est assez juste bien que très indulgente. Mais lui est parfait comme à son habitude.
Tom Hollander interprète le Roi Georges, le Kaiser Guillaume et le Tsar Nicholas de manière tout à fait apte et logique. En effet, les 3 cousins étaient d'une ressemblance confondante. Il est très bien.
Le jeune Harris Dickinson interprète très justement le fils de Fiennes.
Les scènes de combat, duels à l'épée, et autres sont excellents, inventives et pleines de nerf. C'est presque stylisé et j'apprécie toujours autant.
J'ai donc passé un excellent moment, émouvant parfois, plein de folie et d'inventivité.
Mon seul petit bémol est avec la scène additionnelle qui, si elle est, certes, dans la continuité du sujet, est un peu de mauvais goût à mon avis.
Il est difficile d'intégrer Hitler et le Nazisme dans une intrigue de super vilain bondien. La guerre de 14-18 oui, la guerre 39-45 non. Je peux sourire avec Mata Hari et Raspoutine, à la limite avec la mort des Romanov, le conflit idiot qu'était cette guerre et ses raisons, mais je n'y arrive pas avec le Nazisme et l'holocauste à l'horizon.
C'est un peu trop pour moi. C'est logique et je m'y attendais, mais je n'ai pas apprécié sans que cela ne me gâche le film pour autant.
Un bon film donc, bien fait, très divertissant et inventif.
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Créée
le 26 mars 2024
Modifiée
le 3 avr. 2024
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