Un préquel aux Kingsman, d'accord, je prends. Si cela peut laisser le temps à Matthew Vaughn de rattraper la cata du deuxième volet (non, une grande méchante ne faisant que péter les plombs toutes les trente secondes, Elton John se contentant de dire "fuck" à chaque fois qu'il apparaît et des références lourdaudes à la présidence de Trump ne remplacent pas efficacement une histoire bien écrite, des personnages bien approfondis, des stars n'étant pas sous-employées et le respect d'un univers savamment crée !) en prenant bien son temps pour ne pas saloper le troisième, tout en faisant patienter les spectateurs fan du premier. Toute la promotion promettait un film bien dans ce qui a fait la saveur de Kingsman: The Secret Service avec des scènes d'action de dingue, un second degré permanent avec la touche et l'élégance bien british ainsi que une coolitude sale gosse qui rendent sa vision jouissive de bout en bout.


Bonjour, plongée dans le passé pour nous expliquer le pourquoi de la création des Kingsman, le tout en faisant intervenir des figures historiques (ou plutôt des archétypes tels que l'inconscient collectif peut se les représenter faussement !) et les mettant toutes autour d'une table pour comploter contre la stabilité internationale, à la veille de la Première Guerre mondiale. Ouais, imaginez Lénine, Mata Hari, Gavrilo Princip ou encore Raspoutine étant comme la source du bouleversement démentiel à venir, dirigé par un grand méchant dont on ne connaît pas l'identité façon Blofeld des premiers James Bond. Ouais, bien sûr qu'on s'en bat les couilles de la véracité historique puisque l'ensemble est cool, sale gosse, avec du second degré permanent saupoudré d'une touche et d'une élégance bien british, que ce genre de délire colle à la perfection avec ce ton ne se prenant pas du tout au sérieux. Oui, un ton comme dans le premier Kingsman. Oui, comme la promo nous a vendu ce préquel.


Comment ça, on a un truc qui se prend désespérément au sérieux ? Comment ça l'humour est complètement aux abonnés absents ? Euh... on peut prendre au sérieux que Raspoutine, Princip, Mata Hari et Lénine soient réunis dans une grange, entourés de chèvres, tout en haut d'une fichue falaise pour organiser l'instabilité du monde ?


Ouais, bon, je suis bon joueur. Je vais l'accepter comme un film d'action se prenant complètement au sérieux. Je vais le juger en tant que tel. Tant pis que ce soit censé être un Kingsman, que toute la promo ait été mensongère.


Bon, par cet angle d'analyse, pour moi, c'est toujours une merde. C'est juste une succession de poncifs émotionnels (avec musique pour avoir trop bien la larme à l’œil quand on vous dit de l'être intégrée !), scénaristiques et actionnels (le deus ex machina qui achève le combat contre Raspoutine, vu seulement un milliard de fois auparavant, merci !) ne peuvent avoir leur place que dans une parodie tellement leurs utilisations et réutilisations jusqu'à l'overdose la plus carabinée ont fini par les rendre ridicules. Cela déteint sur les personnages évidemment et ce n'est pas une distribution aussi solide soit-elle qui peut empêcher le naufrage.


Bref, cela finit par être chiant, car en plus d'être ridicule, c'est aussi prévisible. On peut très vite arrêter de visionner le film, étant donné qu'au bout de quelques minutes, on voit pratiquement tout ce qui va arriver par la suite. L'identité du grand méchant (d'un manque de charisme éclatant au passage !) ? On sait qui c'est au bout de cinq secondes de présence. Allez, six pour ceux qui sont longs à la détente. Lénine dit qu'il est indispensable d'avoir quelqu'un d'extrême-droite (donc officiellement opposé à sa politique !) pour l'aider à bien niquer la paix. Vous n'allez jamais deviner qui va être présenté au milieu du générique de fin pour lancer une suite, dans l'optique de se faire un max de pognon tout en ne branlant rien... Ouh là là, quel suspense, quelle surprise de gros malade. Oui, je suis ironique. Ce n'est pas comme si, en plus, il n'avait pas participé ostensiblement avant, de manière à ce qu'on remarque ce monsieur un peu trop, à un événement historique atroce, dans lequel, dans la réalité, il n'a eu absolument aucun rôle, de près ou de loin (oui, il faudrait être une mégagrosse buse en histoire pour ne pas savoir cela et pour ne pas se demander "mais qu'est-ce qu'il fout là ?" à ce moment précis !).


Matthew Vaughn est le cinéaste d'action récent pour lequel j'avais (oui, "avais" !) de l'estime, car il proposait autre chose. De la fraîcheur, de la nouveauté, de l'irrévérence, du fun. J'ai kiffé comme un gros malade le premier opus de Kingsman et celui de Kick-Ass. Maintenant, c'est un réalisateur balourd, maladroit, conventionnel, plat, profondément médiocre. OK, techniquement, à part trois-quatre fonds verts un peu trop dégueulasses, c'est du bon boulot. Mais c'est vain quand c'est au service d'un machin mauvais. Et je trouve cela triste parce que ce n'est pas un yes-man de vingtième zone se contentant de continuer de faire de la merde de vingtième zone. Non, c'était un metteur en scène talentueux et intéressant, pour ne pas dire carrément enthousiasmant, qui est devenu digne d'un yes-man de vingtième zone.


Et le potentiel incroyable du postulat (avec en toile de fond, l'espérance d'un Vaughn se reprenant enfin en main et retrouvant au moins partiellement son niveau d'antan !) réduit à autant de valeur que du papier PQ après utilisation. Déplorable, révoltant, atterrant. Il y a un moyen de se javelliser l'esprit pour ne garder en mémoire que le premier film ?

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le 29 déc. 2021

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Plume231

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