The Lady : un combat exemplaire pour la liberté

Le film décrit la vie d’Aung San Suu Kyi, chef de l’opposition au régime militaire birman depuis 1990, date à laquelle, revenue en Birmanie pour assister aux derniers moments de sa mère mourante, elle a été portée à la présidence du parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie, qui a gagné haut la main les élections générales organisées par la junte au pouvoir depuis 1962 mais s'est vue privée de sa victoire par les militaires.

Le film commence par l’assassinat du père d'Aung San Suu Kyi, héros de la lutte de son peuple contre l’occupant anglais, alors qu’elle n’avait que trois ans, puis son retour à Rangoon pour soigner sa mère mourante, et ensuite sa longue lutte pour le retour de la démocratie dans son pays. La partie la plus émouvante est celle où son mari, un universitaire anglais, lui fait obtenir le Prix Nobel de la Paix (1991). Assignée à résidence, elle ne peut qu’entendre sur un transistor (l’électricité lui ayant été coupée) le discours de remerciements que son fils aîné prononce depuis Oslo. Le film s’interrompt en 1999 à la mort de son mari qui s’éteint d’un cancer à Oxford. Jusqu’au dernier moment, elle et lui font des demandes pour se revoir avant l'échéance finale mais toutes sont impitoyablement rejetées.
Seule une brève annonce faite avant le générique de fin parle de l’évolution de la situation birmane. Depuis novembre 2010, l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi a été levée. En décembre 2011, elle a reçu Hillary Clinton et de nombreuses personnalités occidentales lui ont rendu visite (dont l’ambassadeur de France pour les droits de l’homme). La Birmanie est cependant toujours sous le contrôle de la junte militaire et la liberté ne fait pas encore partie de la vie quotidienne des Birmans. Ce film n’apportera bien entendu ni la libération d’Aung San Suu Kyi ni la démocratie en Birmanie mais il aura eu le mérite de faire découvrir au monde la situation en Birmanie. Cependant, en 2014, rien n’est encore gagné dans ce pays, les militaires, même s’ils ont quelque peu relâché l’étau, sont toujours aussi puissants et l’attitude, depuis sa « libération » d’Aung San Suu Kyi, a fait l’objet de critiques.

L’actrice qui joue le rôle d’ Aung San Suu Kyi, Michelle Yeoh, est de nationalité malaisienne. Bien qu’elle ait derrière elle une carrière d’actrice importante (plus de 30 films), elle était surtout connue jusque-là pour ses rôles dans des films d’action ou de seconde zone. Elle est extraordinaire dans le rôle d’Aung San Suu Kyi, aussi mimétique que l’avait été Helen Mirren dans celui de la reine Elisabeth dans le décapant film The Queen de Stephen Frears.

Tournage

Les premières images du film ont été tournées pendant l’été 2010 en caméra numérique et en secret en Thaïlande car le réalisateur craignait que, s’il révélait son projet, les autorités birmanes ne fassent pression sur leur voisin, où la démocratie est fragile, pour que le tournage ne soit entravé. Puis, il y est retourné, entouré d’une équipe plus conséquente, à l’automne 2010 pour finir de tourner les images complémentaires, l'incrustation des scènes avec les acteurs devant se faire ensuite en studio en France. Une partie du film a aussi été tournée à Oxford et dans les studios français de Bry-sur-Marne.
Le 22 juin 2011, l’actrice Michelle Yeoh, arrivée à Rangoon, s’est vue expulser du pays sans autre explication et on lui a annoncé qu’elle faisait désormais partie de la « liste noire » des personnes interdites de séjour en Birmanie.

Impact du film

Le film a eu un impact non négligeable. A-t-il fait avancer les choses en Birmanie ? Il ne le semble pas. Espérons, non pour grossir le portefeuille de Luc Besson, déjà très bien garni, mais pour la notoriété d’ Aung San Suu Kyi et de son combat, qu’il servira la cause de la démocratie partout dans les pays où elle est insuffisante et particulièrement en Birmanie. Je ne sais pas ce que le réalisateur-producteur compte faire des bénéfices engrangés par le film, car il ne fait pas de doutes qu'il y en aura. Je lui suggère de les reverser à une organisation non-gouvernementale qui lutte pour la démocratie et les droits de l'homme.

Mon opinion sur ce film

Je ne cache pas que je suis allé voir The lady un peu à reculons et uniquement parce qu’il traitait de la vie d’Aung San Suu Kyi, l’opposante birmane. En effet, cela fait longtemps que la trajectoire du réalisateur de Subway (1985) et du Grand Bleu (1988), qui ont été et restent parmi mes films-culte, m'est devenue étrangère. En effet, outre le fait qu’il n’a pas produit ou réalisé un seul bon film depuis ces deux magnifiques réussites, ses films postérieurs ont été pour moi, soit des ratages complets (Atlantis, 1991, qu’on attendait comme une suite du Grand Bleu est un sous-Monde du silence), soit des films tout juste passables malgré les gros moyens mis pour les réaliser (Le Cinquième élément, 1997 est un mauvais film de science-fiction; Jeanne d’Arc (1999), un pensum, sans parler d'Angel-A (2005), totalement passé inaperçu ou de la pénible série d'Arthur et les Minimoys (2006 à 2010). Bref, j’avais totalement perdu le contact avec Besson en tant que réalisateur depuis ses réussites du début.

En tant que personnalité, il m'était encore plus devenu insupportable en raison de ses prises de position en faveur de la loi Hadopi, à laquelle je suis farouchement opposé car elle contribue au fliquage de notre société, de son ignoble procès contre la décapante revue de cinéma Brazil, et surtout ses amitiés politiques affichées (pro-Sarkozystes). Bref, nous n’étions plus du tout sur la même longueur d’ondes depuis bien longtemps.

C’est ce qui explique ma réticence à aller voir ce film. Mais comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je dois reconnaître que c’est un film remarquable, autant du point de vue de son propos que de celui du cinéma et j’encourage tous ceux qui ne l’ont pas vu à le voir.

Créée

le 17 déc. 2014

Critique lue 498 fois

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Roland Comte

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