Pour son dernier film, Luc Besson a choisi une des histoires les plus touchantes de ces dernières décennies (bien que peu connue chez nous) mais pas des plus passionnantes, n'en déplaise aux fervents défenseurs de Aung Son Suu Kyi.
Effectivement, le combat de cette femme pour son pays, la Birmanie (sur plus de 15 ans) est vraiment puissant, notamment parce qu'elle a fait face à la junte militaire qui l'a assignée à résidence, la privant du contact des siens, restés en Angleterre. Mais en faire un film de 2 heures n'a rien de bien palpitant. Une fois le postulat de départ posé, il ne reste pas grand-chose.
Alors Besson enrobe le tout dans un pathos larmoyant à grand renfort de violons mal placés. Il rend un film académique et sans âme. Yeoh et Thewlis offrent des performances à la hauteur du projet : classiques, sans faute mais sans réel relief. J'admets que Yeoh est crédible en Lady, à la fois forte et fragile et sa grâce enveloppe le film d'une beauté particulière mais ce n'est pas cela qui fait d'une touchante histoire un très bon film.
Enfin, l'idée de mettre en avant l'histoire personnelle d'Aung Son Suu Kyi, notamment celle de son couple et surtout de son choix absolument bouleversant, et non sa vie de politicienne aurait pu être une belle porte d'entrée. Malheureusement, cela éloigne le spectateur d'un trop grand nombre d'éléments historiques, de subtilités géopolitiques qui auraient pu venir renforcer la compréhension du combat de l'héroïne.
On assiste surtout à une bataille entre les très gentils et les très méchants. Ce manichéisme, certes sans doute réaliste, est tout de même assez agaçant.
Un gros bof donc qui persuade encore un peu plus que Besson aurait vraiment dû arrêter de faire du cinéma comme il l'avait promis il y a quelques années.