On a tout vu à Nagashima
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le 27 avr. 2013
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The Land of Hope fut mon introduction au cinéma de Sion Sono. Je découvre ce réalisateur japonais à travers un film que beaucoup décrivent comme en décalage avec sa filmographie. Un film qui n'en reste pas moins surprenant dans son traitement d'une peur latente dans une période post Fukushima.
Lorsque la ville fictive de Nagashima est frappée par un violent séisme, Yasuhiko Ono, père de famille, s'inquiète immédiatement des répercussions sur la centrale nucléaire et ses craintes ne tarderont pas à être justifiées. Son village se retrouve coupé en 2, sa famille ne tardera pas à suivre. Un périmètre de sécurité de 20 km dans lequel les habitants sont invités à évacuer est mis en place. Ce périmètre s'arrête à sa demeure. Ses voisins doivent partir, eux peuvent rester car c'est bien connu, les nuages radioactifs craignent les frontières, naturelles ou non.
Alors qu'une certaine douceur touchante planait au-dessus de cette famille, le ton change en une scène ou l'absurde règne soudainement en maître. L'intervention de Chieko Ono, la femme de Yasihiko, petite fille dans un corps d'adulte sous l'effet d'une maladie, montre toute l'improbabilité d'une telle situation avec une simplicité enfantine.
De là, cette famille va se séparer. Le fils de Yasuhiko et Chieko quittera la maison familiale avec sa femme alors que ses parents décideront de finir leur jour à l'endroit auquel ils appartiennent. Deux schémas étroitement liés, bien au delà des liens entre les personnages, se dessinent.
En route pour ce "pays de l'espoir".
D'un côté, on suit ces aînés, amoureusement touchants, débordants d'une simplicité presque philosophique sur leur façon d'aborder ces jours anxiogènes qui ne laissent entrevoir qu'une triste issue. De l'autre, un jeune couple en quête d'une vie à eux se cherche avec une tendresse baignée d'humour dans la continuité du message : La menace de la radioactivité est constante.
Isao Natsuyagi et Naoko Otani sont d'une justesse absolue dans leur rôle et ils donnent une magie très terre à terre à ce couple qui malgré sa résignation, continue de ne laisser de la place dans leur vie que pour un bonheur de chaque instant. Une positivité à toutes épreuves, figée sur leur visage, qui va trouver son climax dans une dernière danse. En parallèle, la nouvelle vie de leur fils redessine un schéma identique à celui de ses parents lorsque sa femme se met à "voir" de la radioactivité partout. Une phobie qui dérive vers une folie donnant lieu à des situations cocasses.
Tout dans The land of hope laisse planer la menace des conséquences d'un accident nucléaire dans un pays où l'histoire est indissociable des catastrophes naturelles. Mais face à ce climat anxiogène, comme les personnages, jamais on ne se sent véritablement oppressé et c'est là toute la force d'un film qui semble placer ce "pays de l'espoir" en chacun de nous, dans la façon dont nous appréhendons l'après drames. Sion Sono délivre avec brio l'antagonisme d'un film larmoyant. Et pourtant il avait entre ses mains toute la matière pour mettre en sur-régime nos glandes lacrymales.
Un film subtil, doux et drôle, à l'image de ses personnages qui malgré la menace de leur environnement, ne cèdent jamais le moindre bout d'humanité.
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Créée
le 31 mars 2020
Critique lue 86 fois
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