ENFIN UN BON FILM SUR DE SF SUR MARS ! (On n'y croyait plus)
Enfin un film sur Mars qui est mieux que simplement "correct".
Après une longue liste de films allant de la grosse déception à la pire purge de la Science-fiction, j'ai voulu découvrir The Last Days on Mars avec dans mon petit cœur l'espoir d'une idylle improbable. Et même si le film souffre de défauts flagrants, il n'en reste pas moins une VRAIE bonne surprise.
Dès le départ, un constat: l'ambiance est excellente. Vraiment. L'histoire vous emporte grâce à une écriture classique, mais très efficace. Le suspens est très bien géré, et les effets de style dans la photographie le sont également.
Mais avant de développer ma critique, je me dois de faire un petit rappel pour resituer le film dans son contexte et essayer de le défendre au mieux.
Inutile d'ergoter autour du HUIS CLOS ou de l'aspect "peu crédible". C'est un film de SF sur MARS.
Donc pour les mauvaises langues et les distraits: loin de la maison, atmosphère confinée, couloirs étroits, mystérieuses bébètes, suspens, meurtres et/ou disparitions brutales, action intense; c'est au programme.
C'EST DANS LE PITCH DU FILM. C'EST LE GENRE DU FILM. INUTILE DE LE LUI REPROCHER, C'EST ÉCRIT EN FRANÇAIS DANS LE TEXTE.
Voilà pour la piqûre de rappel. Maintenant que tout le monde parle le même langage, je développe.
Côté histoire, on est dans le vert. La sensation d'enfermement est savamment créée et entretenue tout au long du film par des effets anxiogènes maîtrisés sur le bout des doigts, et chose suffisamment rare pour être citée, surtout due à des effets scénaristiques. Donc même si la réalisation utilise quelques artifices comme la vue subjectives, des effets d'ombre et de lumière, des plans serrés ou des décors exigus; la mise en scène privilégie surtout des effets propres à une bonne écriture.
Seront donc plutôt mis en avant des dialogues simples et cohérents, les rebondissements et des phases de tensions particulièrement bien réussies. Bref, un bon scénario.
Et puisqu'on aborde le sujet, parlons-en, du scénario. Il est justement bon. Sans grande originalité, certes. Et comme je l'ai entendu et reconnu, il n'apporte pas spécialement de nouveauté dans le genre. Mais est-ce vraiment le débat ?
Parce que je pense que dans un style de huis-clos déjà adressé à un public de niche et surtout peuplé de lamentables échecs, il s'en sort sacrément bien. Grâce notamment à ce scénario particulièrement bien ficelé et qui n'hystérise pas purement et simplement les personnages jusqu'à les rendre détestables.
Car c'est en ce qui me concerne le principal défaut des films fantastiques, et même de films de genre au sens large depuis quelques années, tellement on peu compter les échecs et les lamentables bides en terme de box-office. Il n'y a qu'à regarder le cinéma Français et ses détestables comédies. Grotesque. Il n'y a pas d'autre mot. Rien qu'empiriquement, l'absence de scénario et des dialogues complètement hystériques sanctionnent un film assez facilement, sans même à rentrer dans une catégorie particulière.
Je ne pense donc pas qu'il faille intellectualiser quoi que ce soit ici, dans la mesure où The Last Days on Mars se positionne clairement entre le film d'action et le film de genre efficace, avec un manque de moyen évident. Oui, on peut trouver que l'apesanteur est grossière, et les costumes mal finis. Mais le manque de moyens ne choquera personne dans Moon, alors pourquoi le faire ici ? Le résultat est différent parce que le genre est différent.
Libre à vous d'y voir un héros trop torturé, des personnages trop étoffés ou une absence de réflexion globale sur la condition humaine. Mon avis est que, ENFIN, on retrouve une narration PROPRE et BIEN DÉCOUPÉE, qui ne cherche pas d'une part à cacher la misère, (on n'a pas ici une trame épaisse comme un sandwich SNCF ou écrite par un épileptique sous acide. Voir les deux, d'ailleurs) et qui d'autre part se positionne de manière claire en tant que film d'action, avec ce que cela implique en terme de détails. Et l'absence de réflexion foireuse est justement intéressante car elle ne plante ni le rythme, ni la crédibilité globale du film, comme c'est souvent le cas malheureusement.
On peut donc écarter d'emblée l'effet blockbuster et ses sempiternels clichés de bases, pour ne garder que le strict nécessaire à l'ambiance et quelques choix techniques qu'on reconnaîtra à minima comme osés. L'amateur de cinéma de genre lui reconnaîtra surtout une construction de l'histoire efficace et sans prétentions; si ce n'est de vous divertir. Et pour ma part, j'y ai vraiment trouvé une immersion profonde et durable, basée sur des personnages bien fichus pour une fois, mais aussi une trame CLAIRE et NETTE. Et çà, C'EST COOL.
L'histoire respire et s'articule autour de trois parties distinctes ET réussies.
La première plante le décors avec adresse, vous dévoile des personnages attachants et bien écrits, tout en montrant une équipe lessivée par une promiscuité subie. Avec les difficultés que cela implique. Agressivité larvée, paranoïa, névroses, individualisme... Tout en rendant le reste de l'histoire totalement crédible, cette partie décrit des conditions de vie dans un milieu hostile avec adresse. On est tout à fait dans le cas d'une anticipation scientifique de qualité et sans fausses notes pour un public profane.
La deuxième partie est sans doute celle qui laissera le plus de gens sur le carreau. Sans spoiler, je peux dire que l'apparition des "monstres" se fait dans la continuité de l'écriture efficace du scénario, mais ceux-ci sont finalement très discrets dans leurs apparitions, et la réalisation fait un peu de cache misère. Par ailleurs les combats montrés (encore) avec cette saleté de shaken cam sont malheureusement illisibles.
Pourtant, ET DANS CE CAS PRÉCIS, je trouve qu'ils viennent renforcer l'ambiance déjà devenue suffocante à certains moment. Donc ils peuvent être aussi irritants que cohérents avec l'ambiance du film. Je n'ai pas forcément réussi à trancher la question, bien que je DÉTESTE le principe en général.
Et la fin, pour finir (j'ai honte, mais je le laisse), est crédible en soi. Elle évite la plupart des gros poncifs du genre, et ainsi ses principaux écueils, puisqu'on ne va pas non plus vers la facilité. Je vous laisse la surprise, personnellement, j'ai bien aimé, puisqu'elle laisse une part de doutes tout en évitant le happy end.
De manière générale, l'écriture est donc assez fine et évite soigneusement les effets artificiels. (Comme les jump scares à répétitions) Elle privilégie les effets angoissants directement liés à l'écriture, ce que j'adore à titre personnel. On en retrouvera quand même un ou deux, mais suffisamment bien placés pour qu'ils ne viennent pas ruiner le reste.
L'action est très rythmée, avec des phases de respirations impeccables et une montée de l'intensité progressive et sans fausses notes. On ressort de la séance franchement enthousiaste par rapport à l'ambiance et à l'action.
Côté technique, on est par contre dans l'orange. La photographie est bonne et encore une fois assez classique, mais sans réelle innovation. C'est ce qu'on peut surtout lui reprocher après une séance à Fantastic'arts. Car l'exigence de ce public place la barre assez haut. Les décors, quand à eux, sont sobres, sombres et bien présentés, les choix de caméras sont techniquement irréprochables, hormis pour les combats, mais je me répète.
Il y a peut être aussi une certaine redondance de gros plans, discutables sur le fond parce qu'on sent arriver le jump. Mais le réalisateur surfe assez adroitement avec la mise en scène pour éviter la facilité, donc ça passe.
En tout cas, et bien que happé par l'ambiance du film dès le départ, j'ai trouvé à posteriori que lui reprocher son manque de moyens n'est pas fair play. Ce n'est pas un gage de réussite en soi, il suffit de regarder ce que ça donne avec une bonne partie des "films" produits par Michael Bay pour s'en convaincre. Et ici la qualité de l'écriture vous fait bien vite oublier ce genre de chose, là où dans un film moyen on ne verrait plus que ça.
Donc même si j'aurai préféré une direction artistique plus audacieuse et plus pointue après coup, elle a déjà largement le mérite de faire le job, et qui plus est, avec une rigueur de métronome.
Enfin la mise en scène vous rappellera inévitablement de nombreuses séquences cultes du cinéma de genre, ou de sympathiques clins d'oeil aux prédécesseurs: Alien, 2001 l'Odyssée de l'espace, Promotheus, Moon, Mission to Mars, ghost of mars, ou même Appolo 18. On pourrait continuer longtemps. Ce sont à chaque fois des clins d’œil respectueux et assumés, donnant dans le fan service sans en abuser pour autant, car les références sont souvent discrètes et bien amenées. Ce qui me fait trouver au réalisateur un côté plutôt sympathique.
Côté ambiances musicales et effets sonores, c'est dans la même veine. Efficace et sans exubérance.
Pour résumer, on a donc un film efficace et très immersif, auquel on peut reprocher à juste titre une technique classique et un brin consensuelle, mais certainement pas un manque de punch. Pas de masturbation intellectuelle sur l'origine de la contamination, ni scénario de bas étage non plus, juste un très bon rythme et une excellente ambiance. Je le conseille donc à tout ceux qui ont envie d'un bon huis-clos ou d'un film à suspens bien gaulé.
Je précise enfin que ma note est légèrement influencée par le cadre de Fantastic'Arts 2014, et ses deux premiers jours de grosses déceptions. En temps normal, je pense que j'aurai plutôt attribué un sept étoiles.