Après l'éreintement en règle de son film à Cannes, au milieu des innombrables sorties de janvier, y a t-il lieu de sauver le soldat Sean Penn ? Hélas, non, même si faire de The last Face le plus mauvais film de tous les temps est tellement exagéré (parfois les critiques racontent des bêtises, non ?). Les qualificatifs d'obscène et d'indécent ont également été écrits et, là encore, il est nécessaire de relativiser, ce n'est que du cinéma et la grande maladresse (naïveté ?) de Penn n'en fait pas pour autant un sombre imbécile ni d'ailleurs une nullité en tant que réalisateur comme il l'a démontré auparavant. Au demeurant, raconter une histoire d'amour avec une guerre horrible en toile de fond est loin d'être inédit pour le cinéma américain y compris lors des grandes années hollywoodiennes, au milieu du siècle dernier. Simplement, ici, d'une part la romance ne fonctionne pas, dommage pour Theron et Bardem, qu'on a vus meilleurs mais qui ne sont pas catastrophiques, et surtout leurs divergences quant à leur rôle d'humanitaires sont platement montrées et ne constituent pas le ressort dramatique qu'espérait sans doute le réalisateur. En passant, soulignons le désastre des seconds rôles avec deux français particulièrement impactés : Jean Reno, lequel prononce la réplique la plus ridicule du film, et Adèle Exarchopoulos, dont la prestation est purement affligeante. Mais évidemment, le pire est cette espèce de pensée préfabriquée concernant les guerres en Afrique, doublée d'un ton moralisateur voire néo-colonialiste qui fait frémir. Ajoutez-y une complaisance douteuse pour des images gore et la barque est suffisamment remplie. Stars and Tripes, merci bien ! Peut-être y aura t-il des films plus mauvais cette année mais ce n'est pas "gagné;" si l'on ose dire (tristement).