Oh mais en voilà un film qu’il est chouette ! J’avoue qu’à la base je n’avais pas été emballé plus que ça par le trio « affiche – titre – pitch » que proposait ce « The Last Girl ». D’ailleurs, il s’en est fallu de peu que je passe mon chemin sans m’intéresser à ce que ce film avait à proposer… Mais bon, comme quoi il faut savoir se méfier des affiches et des titres moisis choisis par les distributeurs français car – comme souvent – ces derniers sont persuadés (à tort) que le meilleur moyen de vendre un film racé c’est de nous le présenter comme un produit standardisé qui ressemble à toutes les autres productions. Quelle erreur au regard de ce que ce film recèle comme qualités ! Au fond, de tout ce trio là, c’est finalement le pitch qui fait le mieux son job, car il ne dit pas grand-chose, et je pense qu’effectivement, c’est encore la meilleure chose à faire pour faire profiter au mieux les spectateurs de ce film… Parce que oui, pour avoir découvert le film sans rien savoir de l’intrigue, je dois bien avouer que cela m’a vraiment permis d’être tout de suite happé par ce qui est pour moi la grosse force de ce « The Last Girl » : son goût du mystère… Alors attention : je ne dis pas que c’est la seule qualité de ce film. Bien au contraire ! Pour le coup, formellement, ce film c’est aussi une petite claque de maîtrise, aussi bien dans le domaine de la musique, du son, de l’image ou bien même de l’écriture. D’ailleurs tout cela marche vraiment harmonieusement au service de ce qui est donc la clef de voûte de l’efficacité de ce film : l’entretien du mystère. Rien que l’introduction est un bijou d’efficacité. A chaque fois qu’un personnage ou un élément de cet univers est présenté, il nous est systématiquement présenté de telle manière à ce qu’une question germe en nous
(La seule première minute est, sur ce plan, d’une richesse hallucinante ! Pourquoi une gamine est-elle en cellule ? Pourquoi se presse-t-elle à ce point pour se sangler elle-même dans une chaise ? Pourquoi des militaires viennent la chercher aussi rudement avec des fusils pointés sur elle ? Pourquoi cela ne choque pas la gamine qui, en plus, répond en souriant ? Pourquoi on la regroupe avec d’autres gosses pour lui faire réciter tout le tableau périodique ? Tout ça donc sur la seule première minute ! Mais « woh ! » quoi !)
Pour le coup, chapeau auprès de Colm McCarthy et de Mike Carey, parce que c’est diablement efficace. Et si c’est diablement efficace, c’est parce que ça sait être intrigant. Et si c’est intrigant, c’est aussi parce que le mystère autour duquel tourne le film sait évoluer sur tout le temps de l’intrigue. Pourtant à un moment, je dois bien vous avouer que j’ai eu peur. J’ai eu peur quand à la fin du premier quart, le film révèle que sa trame va s’orienter vers...
le film de zombies
. Moi, personnellement, ce genre de film, j’en ai plus que ma claque. J’ai l’impression que tout a déjà été dit, dans tous les pays comme dans tous les formats, du coup j’étais persuadé qu’après une très belle entame, ce « The Last Girl » allait évoluer vers une trame plus classique, plus prévisible, et donc moins intéressante pour moi… Eh bah finalement non… Après un petit passage transitoire pas forcément très original, le film parvient très vite à poser pas mal d’éléments plutôt originaux, que ce soit aussi bien dans l’intrigue que dans le visuel
(Déjà, moi, rien que ces forêts de zombies silencieux et immobiles, je trouve que ça pose vraiment quelque-chose en terme d’atmosphère. Voilà quelque-chose qui nous affranchit enfin des courses et cris à l’emporte-pièce dont moi je suis plus que las ! Rien que pour ça : bravo !)
Et ce que je trouve fort dans ce film, c’est que ces petites bonnes idées originales savent être disséminées régulièrement et à flux constant jusqu’au final.
(…parce que l’air de rien. Cette histoire de colonisation de champignons, de spores en maturation ou d’enfants sauvages, là encore je trouve ces concepts assez originaux et surtout très forts en termes d’atmosphère.)
Tout ça permet d’instaurer une vraie dynamique dans ce film et d’entretenir l’effet de mystère sur le temps long. A peine une interrogation est-elle résolue dans ce film que déjà une autre a pris le relais. Et tout ça parvient à s’emmailloter une fois de plus dans un tissu d’images et de dialogues qui parvient à interpeller, questionner, ou bien tout simplement générer de l’ambigüité. Au fond, je suis même surpris de l’habilité avec laquelle ce film parvient à véhiculer tout ça au travers de personnages vraiment intéressants, chacun étant légitime dans sa posture, aucun n’étant vraiment le vrai bad guy de l’histoire… D’ailleurs, le mystère règne tellement tout le long de cette intrigue qu’on ne sait jamais qui adopte la posture la plus pertinente dans toute cette histoire... Et là où le film fait encore très fort, c’est qu’il parvient à conclure d’une manière qui entérine jusqu’au final cette démarche là.
Oui, tous au fond étaient légitimes dans leur action et dans leur manière de faire.
Tout est au fond une question de point de vue, de référentiels choisis, d’angle d’approche adoptés… Cette conclusion je la trouve d’ailleurs très belle et – encore une fois – très originale.
(Moi en tout cas, je n’ai pas souvenir de films de zombies où, à la fin, on nous disait que c’était à l’humain sain d’apprendre à laisser la place...)
Bref, voilà pour moi ce film est un vrai coup de cœur ! Tout marche. Tous les choix s’avèrent payants. La mécanique tient jusqu’à son final… Moi qui n’aime pas trop ce genre de films d’habitude, je dois bien avouer que ce « The Last Girl » a vraiment su me la faire comme il le fallait : c’est-à-dire avec un bon sens de l’intrigue et surtout une vraie originalité dans ce qui est apporté à la thématique. Comme quoi, la créativité et le talent, il n’y a que ça qui marche en fin de compte…