The Last Princess (2016) – 덕혜옹주 / 127 min
Réalisateur : Hur Jin-Ho - 허진호
Acteurs principaux : Son Ye-Jin –손예진 ; Park Hae-Il – 박해일 ; Yoon Je-Moon –윤제문.
Mots-clefs : Corée ; Historique ; Propaganda !
Le pitch :
La princesse Deokhye, la dernière princesse de Corée est envoyée au Japon comme otage lors de la colonisation. Dans cette sombre période de l’histoire, elle se débat to maintenir l’espoir du peuple coréen. Jang-Han est un combattant pour l’indépendance. Sa mission ramener la princesse en Corée, coûte que coûte.
Premières impressions :
Aaaaah, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film qui me donne autant envie d’écrire ! J’ai tellement vu de bons films ces derniers temps que j’avais oublié à quel point il peut être exaltant de voir un concentré de ramassis de couche-culotte patriotique. Vous voulez de la bonne propagande qui tâche ? Vous voulez un bon gros mélo ? Oubliez « Frères de sang » (Kang Je-kyu – 2004), oubliez « Northern Limit Line » (Kim Hak-Soon – 2015), oubliez même les films de propagande Nord-coréens, non courrez plutôt voir « The Last Princess ». C’est tellement dégoulinant de drapeau que j’ai bien cru à un moment que le public allait se lever comme un seul homme pour chanter tous en cœur l’hymne national.
Je dois préciser que j’ai vu le film au Festival de Busan (BIFF) et que le public coréen est dans le genre réactif aux émotions. Du coup, deux heures de violons, d’images émouvantes et de destins tragiques, ça en a fait pleurer plus d’un dans la salle. L’amie avec laquelle j’étais venue m’a même dit à la fin du film « maintenant tu comprends pourquoi on aime pas beaucoup les japonais » avant de se rendre compte à quel point ce film avait tout fait pour attiser ses sentiments patriotiques. Et vas-y que la jeune princesse voit son père mourir sous ses yeux, et vas-y qu’elle refuse de manger le moindre sashimi pour ne pas collaborer… « Au secours Obiwan Kenobi, vous êtes mon seul espoir… ».
Ce qui est mauvais dans ce film, ce n’est pas tellement la réalisation ou le jeu des acteurs. Le réalisateur Hur Jin-Ho sait ce qu’il fait, c’en est presque scolaire tellement il déroule les méthodes, les angles, les situations pour faire dans le pathos. Par ailleurs, les acteurs sont plutôt bons, à commencer par l’actrice principale Son Ye-jin (April Snow, The Pirates, The Truth Beneath). Non, ce qui est mauvais dans ce film, c’est le manque total de distance avec le sujet. C’est la récupération du destin tragique de cette jeune femme comme objet de culte national en voulant la faire passer pour un Jean Moulin qu’elle n’a a priori jamais été. Et comme le public coréen n’est pas vraiment formé à analyser les informations qu’il reçoit… Résultat, plus de cinq millions d’entrées. L’art de faire du fric avec des mauvais films en surfant sur le devoir de mémoire...
Bref, hormis permettre à quelques passionnés d’histoire de fouiller le passé pour découvrir à quel point ce film est loin de la réalité historique, il est à ranger à la cave des archives propagandistes. C’est dommage car la destinée de cette femme méritait certainement d’être mise en lumière, mais l’Histoire c’est comme l’humour, ça ne se pratique qu’avec des personnes de bonne compagnie.