Cela m'arrive rarement, mais je sens que je dois commencer ma critique par une rapide énonciation du scénario. Un projectionniste sur le déclin décide de se prendre pour un réalisateur de "snuf film" sans savoir que cela existe déjà et donc se prend pour un génie du crime en manipulant un couple à leurs détriments.
Le projectionniste, c'est Robert Englund, et c'est ce qui fait tout le délice du film. Car si le "discount" Jessy Eisenberg et la meuf font honnêtement leur taf, l'essentiel du plaisir se trouve surtout dans l'observation du jeu tout en délectation de Robert.
Et quand je dis délectation, c'est qu'on sent que son affirmation constante de vouloir plus jouer à visage découvert et d'affirmer sa capacité à endosser un rôle sans être forcément grimé de façon méconnaissable. On sent son plaisir à jouer le faux gentil, et plus que sa qualité de jeu, c'est son plaisir à jouer qu'il nous fait partager.
Ensuite, pour le film en lui-même, il est plaisant, mais reste très classique, tombant quelque peu dans les travers de son sujet. Si on se laisse prendre au jeu grâce à Englund, on sent quand même les difficultés qu'a parfois l'écriture à faire passer certains éléments de narration.
MINI-SPOIL :
Le meilleur exemple est sans doute le réveil de la nana. C'est à la fois très bien amené, et pourtant résolu un peu à la va-comme-j'te-pousse (littéralement, puisque c'est le classique coup du "je me montre violent en te repoussant avant de t'avoir expliqué qu'y a un tueur qui tente de nous manipuler et du coup tu me crois plus quand je te le dis..."
FIN DU MINI-SPOIL
Du coup tout le film est un peu brinquebalant. On a vraiment envie de croire à cette histoire qu'on sent qu'on fait énormément d'efforts pour nous la rendre crédible, mais on ne peut s'empêcher de noter la facilité de certaines résolutions.
Cependant, les idées de réalisation, à la fois très simples et pourtant bien utilisées et "réactualisées", comme la communication par "écriteaux" mais sur écran de télé, font qu'on arrive quand-même à passer un bon moment sans trop être sorti du film.
Au final, là où l'on aurait pu avoir un excellent nanard, on se retrouve avec un film presque intelligent et pas si mauvais que ça, mais qui du coup semble manquer d'un petit quelque chose qui aurait pu en faire un excellent film. Mention : honorable.