Ah les vieux... Détenteurs du savoir, bibliothèques humaines. Charmants avec leurs rides et leurs airs innofensifs. Fragils et forts à la fois.
Enfin ca, cela ne concerne pas tous les vieux. Certains sont vils, sournois, manipulateurs. Vous savez ? La petite vieille qui vous grille votre place dans la file d'attente, l'air de rien et que vous n'osez pas corriger ? Et ce petit vieux qui pique des bonbons et accuse les gamins qui viennent de passer ? Ou celui qui vous menaçait de sa canne, l'air furibard, juste histoire de vous faire peur quand vous étiez plus jeune ? Bref, vous voyez le tableau ?
Non, tous les vieux ne sont pas gentils et charmants.
Et de fait, lorsqu'ils sont contrariés, ils peuvent devenir carrément méchant.
Il faut dire que notre vieux héros voit ce qui a fait sa vie voler en éclat. Dépassé par la technologie, ses services ne sont plus indispensables. Gardé dans sa boite pour voir ce qu'il a toujours respecté se faire piétiner. Passer de projectionniste distributeur de rêve à serveur de pop corn à des morveux incapables d'apprécier l'art et à qui l'on ne sert que de la médiocrité. Il y a de quoi être un peu chafouin, je le concède.
Alors bon, vous connaissez tous l'histoire de Mahomet et de sa montagne, et bien dans le cas présent, si le public ne veut plus reconnaître l'art et la nécessité d'un Stuart, c'est a Stuart de mettre sous le nez du public de la magie de l'art et sa propre nécessité.
Et lorsque le vieux Stuart est interprété par Robert Englund (oui, Freddy, si ca ne vous disait rien, les allusions en début de film sont quand même bien flagrantes !)... Et bien on savoure.
Délicieusement horrifiant, Englund nous interprête un vieil homme respectable qui, face à la chute de son univers, choisit tout simplement de péter un plomb. Et un bon. Mais en vieil homme respectable, il se doit de le faire avec classe et originalité. Et surtout, il doit le faire de manière à ce que l'on sache bien que ce n'est pas lui le méchant.
Dans un genre bien différant de Krueger, Englund joue ici tout en finesse et en moustache. Totalement délirant, il passe du gentil grand père avec qui l'on pourrait discuter cinéma toute la nuit au tueur organisé et machiavélique. Si l'on rajoute en prime la touche d'humour dont il agrémente son personnage ("allez, c'est pour les extras, les bonus !" Juste jouissif), on est dans du haut niveau.
À vrai dire, les autres acteurs font un peu pâle figure à côté. Le manager n'est là que pour se faire tuer et la fille pour donner un but au héros (comme Stu le fait si bien remarquer).
Le jeune héros quant à lui (le vrai, celui que le méchant veut faire passer pour un méchant mais qui est gentil, vous me suivez ? Le jeune quoi !), est convaincant même s'il m'a laissé un peu sceptique au départ. À vrai dire, la seule chose que j'ai vraiment à lui reprocher est plutôt un reproche pour les scénaristes (bordel de merde, pourquoi monter dans ce p***** d'ascenseur alors que les "secours" arrivent ?).
En ce qui concerne la mise en scène, j'avais un peu peur que l'on nous mette de la caméra de sécurité et de la caméra amateur à toutes les scènes, mais le mélange des plans est assez fluide et fonctionne bien.
La musique est discrète, et même si elle n'a rien de vraiment fabuleux, elle ne gêne pas le visionnage (remarquez qu'à part pour faire cliché, elle ne sert pas beaucoup le film non plus. Très film d'horreur comme musique, et franchement, ca ne me touche pas plus que ca.).
Pour conclure, je dirai que ce The Last Show est un petit film sympathique, sans grande prétention mais qui se laisse regarder. Englund y livre une superbe prestation qui donne quelques regrets (pourquoi toujours des films d'horreur ? Ca sent le talent à plein nez les enfants !), et les petites pincés d'humour disséminées ici et là sont des plus agréables.
Assurément, une raison de plus pour fuir les multiplexes et pour respecter les vieux cinéphiles (quoi que je continuerai à me méfier des vieux, cinéphiles ou pas).