Parti à la découverte de la filmographie de Obayashi, dont je ne connais que la masterpiece Hausu, et c'est peu dire que l'on identifie facilement la patte artistique du réalisateur : jeux sur le cadre, les couleurs et les décors volontairement factices qui donnent un côté irréel au récit. L'histoire est pourtant moins excentrique, adaptation du roman La Traversée du temps de Yasutaka Tsutsui, s'intéressant à l'efflorescence adolescente (le thème du printemps, ses fruits et ses fleurs est très présent) et aux amourettes naissantes qui l'accompagnent, sur fond de voyages temporels, histoire de pimenter la chose. Le traitement est très 1er degré, le risque de mièvrerie se voyant finalement twisté par la sincérité et la puissance des sentiments qui traversent les personnages : l'amour impossible et la rencontre manquée, comme le résume bien le verso de la jaquette du BR, mais également le deuil, la construction identitaire et son rapport à un passé incertain.


Le début du film tire un peu sur la longueur mais dans son ambiance de douce mélancolie, il diffuse subtilement, sans en avoir l'air, tous les éléments qui feront sens lorsque le récit finira par s'emballer et que l'écran explosera de la folie visuelle d'Obayashi, expérimentations en équilibre précaire sur la crête du kitsch et qui ne tiennent que par sa force de caractère artistique. Le générique en chanson en est un bel exemple, tant il est aussi ringard que génial avec son idée de remonter les séquences du récit en comédie musicale. Ajoutons à cela le choix de faire de la lavande le crypto-boogeyman le plus incongru de l'histoire du cinéma.


Les bonus du BR sont très intéressants dans leur mise en perspective des thématiques qui travaillent l'œuvre de Obayashi telles que le rapport à la guerre et au passé, le devoir de mémoire, l'animisme... Si le présent film avait une vocation de véhicule promotionnelle de son actrice star, l'idole Tomoyo Harada, il s'inscrit toutefois dans la trilogie dite d'Onomichi, la ville de naissance du réalisateur, protagoniste à part entière de l'histoire de par son patrimoine architectural en voie d'extinction et repère historique des méfaits de la bombe atomique.

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le 11 févr. 2024

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