Parti à la découverte de la filmographie de Obayashi, dont je ne connais que la masterpiece Hausu, et c'est peu dire que l'on identifie facilement la patte artistique du réalisateur : jeux sur le cadre, les couleurs et les décors volontairement factices qui donnent un côté irréel au récit. L'histoire est pourtant moins excentrique, adaptation du roman La Traversée du temps de Yasutaka Tsutsui, s'intéressant à l'efflorescence adolescente (le thème du printemps, ses fruits et ses fleurs est très présent) et aux amourettes naissantes qui l'accompagnent, sur fond de voyages temporels, histoire de pimenter la chose. Le traitement est très 1er degré, le risque de mièvrerie se voyant finalement twisté par la sincérité et la puissance des sentiments qui traversent les personnages : l'amour impossible et la rencontre manquée, comme le résume bien le verso de la jaquette du BR, mais également le deuil, la construction identitaire et son rapport à un passé incertain.


Le début du film tire un peu sur la longueur mais dans son ambiance de douce mélancolie, il diffuse subtilement, sans en avoir l'air, tous les éléments qui feront sens lorsque le récit finira par s'emballer et que l'écran explosera de la folie visuelle d'Obayashi, expérimentations en équilibre précaire sur la crête du kitsch et qui ne tiennent que par sa force de caractère artistique. Le générique en chanson en est un bel exemple, tant il est aussi ringard que génial avec son idée de remonter les séquences du récit en comédie musicale. Ajoutons à cela le choix de faire de la lavande le crypto-boogeyman le plus incongru de l'histoire du cinéma.


Les bonus du BR sont très intéressants dans leur mise en perspective des thématiques qui travaillent l'œuvre de Obayashi telles que le rapport à la guerre et au passé, le devoir de mémoire, l'animisme... Si le présent film avait une vocation de véhicule promotionnelle de son actrice star, l'idole Tomoyo Harada, il s'inscrit toutefois dans la trilogie dite d'Onomichi, la ville de naissance du réalisateur, protagoniste à part entière de l'histoire de par son patrimoine architectural en voie d'extinction et repère historique des méfaits de la bombe atomique.

Créée

le 11 févr. 2024

Critique lue 22 fois

1 j'aime

Critique lue 22 fois

1

D'autres avis sur The Little Girl Who Conquered Time

The Little Girl Who Conquered Time
Boubakar
7

Voyage à travers le temps

Une lycéenne modèle, Kazuko, partagée entre deux garçons différents, inhale un jour une odeur de lavande dans le laboratoire de son école. Prise d'un évanouissement, elle se réveille peu de temps...

le 25 nov. 2023

1 j'aime

The Little Girl Who Conquered Time
cherycok
7

Le temps, c’est de l’amour

Lorsque je me suis jeté à bras ouverts dans le cinéma asiatique à la fin des années 90, entendez par là lorsque j’ai découvert l’import, tout un monde s’est ouvert à moi. Mais en tant qu’étudiant...

le 23 nov. 2023

1 j'aime

The Little Girl Who Conquered Time
Limguela_Raume
7

The Little Saveur Who Goutta Time

Il y a une telle disette dans la production de films au Japon dans les années 80 que la Kinema Junpo sélectionnent des films pour enfants…À l’époque où le Japon abreuvait nos émissions pour enfants...

le 23 oct. 2023

1 j'aime

Du même critique

Miraculous - Le film
Pascoul_Relléguic
4

Critique de Miraculous - Le film par Pascoul Relléguic

Découvert avec ma fille en avant-première, le film s'avère rapidement déroutant avant de virer au décevant pour qui connait un tant soit peu la série originale : Miraculous the movie est en fait plus...

le 14 juin 2023

13 j'aime

The Dead Don't Die
Pascoul_Relléguic
2

Quand l'hommage vire à l'escroquerie

Au début, j'ai trouvé le film gentiment intrigant ; par la suite, j'ai ressenti ça comme sans intérêt ; à la fin, j'ai conclu à une détestable escroquerie. Jarmusch s'est contenté de fragmenter toute...

le 14 mai 2019

11 j'aime

Undone
Pascoul_Relléguic
9

La folie est parfois la meilleure manière de s'adapter à la réalité

Undone ne fait pas les grands titres et c'est bien dommage car voilà une série qui le mérite. Alma est meurtrie par la mort de son père durant son enfance et elle tente de se construire en tant...

le 19 avr. 2020

9 j'aime