Voyage au bout de l'ennui aristocratique...

The Little Stranger est censé être l'adaptation d'un roman moderne mais ressemble à un de ces vieux romans gothiques poussiéreux du XIXe siècle avec ses personnages anachroniques auxquels on n'arrive pas à s'attacher et son action anémique.


Je n'ai pas lu le livre originel donc je ne peux pas dire s'il s'agit d'une mauvaise histoire ou d'une mauvaise adaptation. En tout cas l'exposition des personnages est particulièrement maladroite, en particulier le comportement du Docteur Faraday et surtout ses rapports avec son collègue avec qui il partage son cabinet. Celui-ci était censé être le médecin habituel de la famille aristocratique mais il disparait après une courte scène d'introduction pour ne revenir qu'une fois conseiller à Faraday de partir définitivement et qu'un autre médecin n'apparaisse ensuite pour servir de confident. D'autres personnages disparaissent sans raison au cours de l'histoire. On se croirait presque dans The Room.


Faraday est obsédé par la famille Ayres. Il réussit on ne sait comment à récupérer la charge de la famille à son collègue qui disparait mystérieusement donc, et invente au passage une nouvelle thérapie au passage qu'il n'avait jamais mentionné à deux ou trois occasions importantes auparavant pour justifier sa présence.
Un autre personnage insaisissable est le fantôme. On ne comprend pas pourquoi l'esprit d'une petite fille morte de maladie


alors qu'on aura droit à aucune révélation sur un meurtre caché ou des abus sexuels


se mettrait à attaquer les membres de sa famille et pas Le Petit Etranger, surtout que les attaques sont aussi espacées que spectaculaires:


attaque d'une petite fille par le chien, incendie de la bibliothèque pour le fils, guet-apens organisé puis stigmates pour la mère et enfin défenestration pour la fille.


Le Dr Faraday nous spoilera sous la forme d'une hypothèse et d'un flashback insistant le twist final censé te retourner le ciboulot comme un film de Night M Shyamalan. Mais même cela n'est pas plus cohérent.


En fait l'esprit serait celui du Faraday jeune qui visitait avec envie le manoir étant jeune.


Le film est aussi censé montrer la fin de l'aristocratie et le début d'un Travaillisme triomphant (euh ce n'est pas exactement ce qui s'est passé...) mais passée la première heure le scénario met radicalement les histoires de classe sociale de côté pour revenir au fantôme et surtout à la romance ennuyeuse entre le Docteur et Caroline.


Niveau interprétation les acteurs font le boulot mais les personnages sont tellement creux qu'on s'en désintéresse.
La mise en scène fait de beaux efforts: le réalisateur magnifie la campagne en été comme en hiver. C'est beau et chiant. Sinon il aime bien filmer le fils Ayres de profil pour montrer son côté indemne ou son côté défiguré en fonction de la tension dramatique de la scène, comme Double-Face dans un Batman.
La bande son est effectivement stressante: les bruitages répétés incessement à 150 dBs pendant de longues minutes dans un cinéma fonctionnent, après je n'appelle pas cela de la musique mais c'est un autre débat.


Le film est ambitieux mais il ne veut ou ne peut pas donner pleine mesure à ses ambitions. Il est trop confus et ripoliné pour être intéressant.

Jibest
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le 1 oct. 2018

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Jibest

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