Difficile exercice que la critique d'un tel film qui a généré de très belles critiques de précisions et de pertinences. Essayons de faire le plus personnel possible.
Le film m'a fait pensé à 3 monuments de la littérature. A croire, que des mots ont été placés sur l'atmosphère que l’œil de Yorgos allait mettre au monde.
On a l'absurdité angoissante et déliquescente de Kafka qui se met en place de façon quasi-immédiate, façon Métamorphose. Ensuite, ce sera l'ambiance de fond, le cynisme froid et la noirceur de l'absurde d'un Fin de partie de Beckett. Et par moment, des fulgurances d'humour façon la Cantatrice chauve de Ionesco. Et de façon évidente, deux références s'imposent Rhinocéros de Ionesco et Métamorphose de Kafka. Les deux n'étant ni si facile, ni si gratuite qu'on pourrait le croire.
C'est vous dire à quel point ce film est littéraire, précis et affable, riche d'interrogations.
Graphiquement, chaque image est gravée dans une plaque d'acier poli.
Les personnage sont fabriqués de verre transparent et lisse à l'extrême.
Ce qu'il y a de plus humain dans ce film? Les animaux.
Colin Farrell campe son personnage d'une façon tellement robotiquement neutre qu'il en est génialement touchant. Rachel Weisz est, comme toujours, merveilleuse.
Dans une société où les gens seuls ne sont pas tolérés. Où vous avez 45 jours pour vous trouver un ou une partenaire, faute de quoi on vous transforme en animal. On aurait pu attendre de l'humanité de la part de la résistance. Mais l'amour et le sexe y sont aussi interdit, que l'onanisme et le célibat sont interdit dans la société officielle. Comme une radicalisation d'une double injonction au célibat et la vie de couple. Et ce, toujours, dans l'urgence.
Une situation irréelle vous avez dit?
Colin voulait être transformé en homard, et vous?