Yórgos Lánthimos ! Je suppose que 99 % des personnes qui lisent ma critique ne connaît ce réalisateur grec. Moi même je ne le connais qu'à travers les vidéo de In The Panda (cliquez sur le nom pour savoir qui c'est). Et je n'ai jamais vu aucun de ses 3 films (dont Canines du même réalisateur qui a été primé à Cannes dans la collection "un certain regard"). Cela dit, au vue des extraits de Canines qui semble être un film vraiment bizarre dans un monde barré, on est en droit de se demander ce qui se passerait s'il faisait un film avec un casting plus international et plus de libertés créatives ? Et bien cela donne The Lobster, un film totalement assumé et barré, mais plus en mode wath the fuck qu'en mode destroy.
Dystopie réaliste
Si on vous demande dystopie, vous avez au niveau des films V pour Vendetta dans le meilleur des cas et Divergente dans le pire des cas. Mais aucun n'a eu une esthétique aussi proche de la réalité . Bon ok, il y a bien Battle Royale, la version originale et mieux foutu qu'Hunger Games
Fans de Jennifer Lawrence en approche !!!
Mais malgré tout cela reste de l'utopie. Ici la dystopie est tellement proche que les limites entre l'utopie et le réel sont vraiment flous. Et cela grâce à l'esthétique. La réalisation s'appuie essentiellement sur un cadrage simple, un aspect cru et une bonne utilisation de la musique, toujours aussi sombre tous le long (en plus il s'agit de la même partition musicale ce qui est encore plus dérangeant).
Et quand je parle crue, je parle présence d'animaux mort, de meurtre sans que personne ne s'en soucie etc
Tout dans ce film parait si normal que cela en est presque dérangeant. On pourrait signaler comme défaut le fait que le film n'introduit pas son univers; cela dit ce n'est pas utile car dès les premières minutes on comprend les enjeux et comment fonctionne le monde. Le réalisateur fait tout dans la suggestion mais ce n'est pas trop inaccessible et brouille en quelque sorte les frontières entre le réaliste et le surréaliste.
Par exemple, on ne voit pas les personnes se transformer en animal qu'ils ont choisi mais on devine très aisément
Le film s'articule en 2 parties bien distinctes, la vie dans l'hôtel et la vie dans la forêt, mais on y reviendra.
Le sourire n'est plus de mise
Au niveau des acteurs, il s'est entouré de plusieurs stars. Le premier étant David (Colin Farrell). Tout l'histoire s'articule autour de lui. Il joue le rôle d'un veuf qui va dans un hôtel afin de trouver l'âme sœur. Il est vraiment apathique et ne semble pas vraiment motivé pour se conformer aux règles. Ce qui confirme le choix de l'animal qu'il aimerait incarné un homard (d'où le titre "Lobster" = homard). Et c'est un petit peu l'inconvénient du personnage, il est apathique pourtant, il a des relents de d'émotions, ce qui lui sera fatal quand il sera en couple. Du coup, ça ne va pas vraiment ensemble à plusieurs moments du récit (même vers la fin). En clair on ne sent pas vraiment l'évolution du personnage, ce qui est dommage.
La Femme Myope (Rachel Weisz) est la narratrice. Elle relate tous les événements du début jusqu'à sa rencontre avec David. Et...On ne connaît pas son caractère. Et c'est le problème des 3/4 des personnages, leur apathie détruit un peu leur individualité. Cela est à la fois une bonne et une mauvaise idée, car pour certains personnages comme David, leurs actions permettent de déduire leur trait de caractère, mais pour d'autres comme elle c'est un peu problématique. Faisant parti du groupe des Solitaires, elle formera d'abord un couple factice avec David, avant que leurs sentiments se "dévoilent" enfin, façon de parler.
John le boiteux (Ben Wishaw) est le plus opportuniste des personnages en voulant à tout pris former un couple, quitte à se mutiler.
Et il le fait afin d'être en couple avec la femme qui saigne du nez (Jessica Barden)
Bref, il s'agit d'un des rares personnages expressifs du film.
Robert (John C. Reilly) et ... Il est défini par son zézaiement (que je n'ai pas remarqué en v.o)
bon ok pourquoi le wiki leur donne ses patronymes ? Dans le films certains ont des prénoms à l'instar de David et il les mets pas !
Il est assez en retrait et par rapport aux deux autres et semble avoir pas mal de points communs avec David, c'est même en parti pour ça qu'il s'entendent bien... jusqu'à leur confrontation.
L'Hôtelière, jouée par Olivia Colman est une personne tout ce qu'il y a de plus stoïque. elle n'a pas de réel développement et veut que tout se passe bien. Elle aura son importance lors de l'attaque des Solitaires mais bon.
La chef des Solitaires (Notre Léa Seydoux nationale) est une chef impitoyable et apathique. Elle est aussi stricte que l’hôtelière mais elle du genre totalement. Et là on touche au coeur du problème des personnages. Autant, l'apathie va avec elle ce qui fait ressortir son coté angoissant, autant cela est un peu l'opposé des autres personnages qui sont aussi apathique. Es-ce l'intention du réal ? Sans doute que oui car cela donne un assez bon contraste.
La Bonne jouée par Ariane Labed n'a pas non plus de développement, jusqu'à ce qu'on révèle sa vraie nature.
Et à part ça, les autres personnages sont bien plus des fonctions que les autres pré-cités (entre la femme sans cœur (Angeliki Papoulia), le "mari" de l'hôtelière (Roger Ashton-Griffiths) et l'aide de camp de la chef des Solitaires).
Bref, une galerie de personnages sans émotions, ce qui donne un aspect encore plus dérangeant au film.
Quel animal aimerai-je incarner ?
Ce film pose dès le départ les bases de son sujet et est dans le pure style du film qui pose un sujet important. Ici il s'agit de la vie de célibat ou de veuvage face à la vie de couple. Dans ce monde, le célibat est proscrit et l'hôtel est un centre qui permettra aux individus de trouver l'âme soeur, un peu comme un speed-dating en encore plus hard. Ici, c'est être en couple ou la réincarnation forcée. Bref, tout le monde dans cet hôtel, durant la première partie essaye de se mettre en couple. David, malgré son manque de motivation se pliera aux exigences de l'hôtel
Chasse aux solitaires, activité physique, stimulation sexuelle...
Le film nous montre même le paradoxe entre le fait de trouver le bonheur est ici virtuellement factice et que personne n'est vraiment heureux (renforcer par le faite que personne ne se complet). Ici c'est plutôt qu'ils ne veulent pas se transformer en animal. Sauf David, qu'il ne semble pas concerner. Mais les choses changent au moment où il rejette après la mort de chien
Qui était en faîte son frère transformé, tuée par sa moitié.
Là, le film change complètement et on voit le monde du point de vue des solitaires et qui n'est pas aussi rose. Le film est assez acide de ce point de vue là, et montre que l'herbe n'est pas plus verte non plus (voir même pire), car malgré les bonnes intentions du groupe, ils sont en réalité pas mieux et prône le célibat.
Ils sont même encore pires car ceux qui ne se conforment pas à leurs visions sont punis comme les lèvres mutilés où pour la myope crevage des yeux.
Le message du film est tellement évident et frontal montrant que d'un coté la vie de couple forcé ne vaut pas le célibat forcé. Mais l'apothéose vient à la fin :
Il arrive à s'échapper avec la myope devenue aveugle et en se réfugiant dans une bar, David, annonce qui va devenir aveugle pour être avec sa femme
Cette fin est paradoxalement mélancolique, car malgré le faite qu'il a voulu échappé au système, son esprit éduqué fait qu'il ne s'affranchit pas des limites que la société lui a imposé. Il est presque à l'image du homard; malgré tout ses acquis, il restera un animal qui fatalement l'homme peut consumer. Je trouve que ce film ne s'impose aucune limite au niveau de l'histoire et des parallèles dans sa dystopie. Mais qu'en même temps, est tellement à fond que certaines scènes sont crues et dérangeantes.
Un film indépendant sans concessions
The Lobster est un film indépendant dans tout ce qu'il y a de plus dérangeant et cru. Son propos acide et no limit font que ce film à la réalisation inspirée va à fond dans son propos sans jamais nous épargner. Cela m'a été dur de le juger car les faiblesses de jeux d'acteurs et d'histoires font l'identité du film au final. Ce n'est pas un film que je recommanderai au plus grands nombre mais c'est un film à voir et il ne laissera personnes indifférents.
Version fun de la critique ici