...et même un peu plus.
Derrière ce synopsis barré et plus que singulier, se laissait déjà supposer une critique acerbe de la société prenant un angle inattendu et original. Et le film remplit ce postulat, largement.
(Attention, la suite de la critique spoile un peu, mais pas trop. Si vous voulez vraiment tout découvrir sur le moment, ne la lisez pas)
Spoil, niveau 1
Les deux sociétés présentées dans le film (celle de l'hôtel, celle des Solitaires) sont montrées sous un jour tout aussi glaçant et aseptisé, mais d'une autre manière. Tandis qu'à l'Hôtel il s'agit de trouver l'âme soeur en moins de 45 jours sous peine de sanctions, les Solitaires, eux, ne doivent surtout pas le faire. Et c'est déjà intéressant de comparer l'Hôtel avec ce monde ou ne pas être marié et avoir des enfants a toujours été considéré comme ne pas être quelqu'un de "complet". Mais ce qui tout aussi intéressant, c'est que les Solitaires, s'élevant contre ce système dictatorial, régissent leur groupe de règles non moins contraignantes.
Ce qui est quasiment introuvable dans ces deux mondes, en quelque sorte, c'est l'amour, le vrai. Le désir est réprimé également. Et enfin, la dignité de l'individu en prend pour son grade bien sûr. Lanthimos pointe ici du doigt toute une pensée de la "norme", et ça fait du bien. Ça fait du bien parce que parler du couple de cette façon peut déjà paraître gênant, mais alors les situations présentées dans le film génèrent quasiment toutes un réel malaise.
Et c'est ce malaise, profond, libérateur, qui donne à The Lobster toute sa force et son impact.
Le sentiment étrange qu'apportent les images est renforcé par la bande son. Les plans de l'hôtel et de la forêt sont souvent les mêmes, ce qui fait qu'on a vraiment l'impression de connaître ces endroits. En revanche, la "ville" paraît mystérieuse, voire mystifiée.
Spoil, niveau 2
Dans la deuxième heure du film, l'histoire rebondit carrément sur le concept de départ qui a été bien présentée jusqu'ici : celui du synopsis. Naît ici une histoire d'amour fulgurante autant que terrible, qui va hisser le malaise à son paroxysme. La fin, brutale, interpellante, est juste parfaite. Lanthimos achève de nous faire part d'une vision dystopique à souhait de nos bonnes moeurs sociales. Et c'est froid, ça pique, mais c'est beau.