On le sait : l'Histoire des nations est écrite par les vainqueurs et la littérature y contribue parfois grandement, comme dans le cas de Richard III, le dernier roi Plantagenêt, que les Tudors ont stigmatisé (bossu et criminel) et que Shakespeare n'a pas épargné non plus dans sa pièce éponyme. Qu'une femme d'âge moyen et de faibles ressources se soit lancée dans une opération de réhabilitation du monarque, doublée d'une enquête pour retrouver ses restes, a quelque chose d'assez fou, qui correspond cependant à une aventure réelle, qui ne pouvait que plaire à Stephen Frears, aidé au scénario par l'équipe à l'origine de Philomène. Cet éloge de la constance, de l’opiniâtreté et de l'honnêteté intellectuelle face aux vents plutôt sceptiques, voire contraires et, in fine, sacrément opportunistes du monde très fermé des universitaires, historiens et autres spécialistes patentés, a tout du combat du pot de terre contre le pot de fer, un domaine dans lequel le cinéaste est comme un poisson dans l'eau. Le caractère obsessionnel voire névrotique de cette femme hors des circuits élitistes est forcément jubilatoire, même si l'on se doute que le récit a pris quelques libertés avec la vérité des faits. On y apprend en tous cas beaucoup de choses sur l'histoire d'Angleterre, on se divertit et on s'indigne, aux basques d'une Sally Hawkins, une peu vieillie mais volontaire et vaillante comme aux plus belles heures de Be Happy.