The Love Witch
6.6
The Love Witch

Film de Anna Biller (2016)

Si vous avez vu des images du film, ou même l’affiche, vous avez sans doute déjà compris le concept : « The Love Witch » est une comédie horrifique tournée dans l’esprit du cinéma fin 60’s / début 70’s. On ne peut qu’admirer l’énorme travail technique que cela a représenté. Coiffures, maquillages, costumes, décors, mais aussi montage, compositions et surtout un énorme boulot d’éclairage.

C’est bien simple, un œil non averti qui découvrirait par hasard des images du film pourrait croire qu’il a été tourné en 1969. Derrière cette œuvre, Anna Biller, qui est ici réalisatrice, scénariste, productrice, monteuse, et compositrice !

Ne vous attendez cependant pas à un pastiche de cette époque, façon OSS 117 version Hazanavicius, car l’ensemble reste à peu près sérieux. « The Love Witch » ne verse pas non plus dans l’hommage stérile ou le post-modernisme opportuniste. Le film utilise cette représentation d’une ère assez machiste pour évoquer… le féminisme et les rapports hommes/femmes.

Le prisme moderne demeurant également, car le film jette en permanence le trouble sur l’époque à laquelle il se déroule. Des dialogues évoquent les tests ADN, et les voitures sont récentes (peut-être davantage par souci logistique ?).

On suivra ainsi les aventures d’Elaine, sorcière de son état, qui cache un être profondément troublé. Se prétendant experte de la séduction et du fonctionnement des hommes, elle a en réalité une vision complètement déformée de la réalité et de la masculinité. Les hommes lui paraissent être des figures infantiles faciles à contenter, une erreur de jugement qui l’amènera à causer beaucoup de souffrance.

Je ne vais pas mentir, sur 2h c’est tout de même parfois longuet, même si la technique est à saluer. D’autant que le jeu des acteurs est assez troublant. Anna Biller a là encore opté pour une reconstitution d’époque, par conséquence les comédiens ont un jeu et un phrasé résolument statique par rapport à aujourd’hui.

C’est plutôt réussi avec la protagoniste (Samantha Robinson, dont la fausse candeur en devient flippante). Ca l’est moins avec d’autres interprètes qui ne réussissent pas forcément l’exercice périlleux d’exprimer des émotions modernes à travers un style de jeu rigide à l’ancienne.

Une œuvre expérimentale à coup sûr, qui ne plaira pas à tous, mais une jolie curiosité.

Redzing
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le 30 mai 2024

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