J'ai souvent pensé que pour apprécier ce genre de film, il fallait savoir s'abandonner, faire confiance au film. Ne pas vouloir tout mettre en oeuvre pour reconstituer puzzle, délaisser quelques instants son intellect et laisser les rênes libres.
Je glisserai rapidement sur la performance de Bale. Oui, cette chute vertigineuse le long de la falaise pondérale est impressionante. Oui, son regard semble habité. Oui, quand il court on dirait un albatros mazouté. Oui, Christian c'est d'la bale. Oui.
Je préfère me concentreer sur le balisage du récit et sa mise en forme. Tout d'abord la photo, l'image. Des couleurs désaturées, sauf le rouge, celle du peché, de la faute. Tout beigne dans une atmosphère javelisée, sans saveur, sans odeur. Simulation d'un regard d'insomniaque. La javel comme purificateur et déclencheur d'amnésie.
Le parcours de Trevor est parsemé d'interrupteurs qui déclenchent son déni et superposent souvenirs, culpabilité et réalité. Le personnage joué par Bale repose sur un travail alienant, répétitif, désintégrateur de pensées : surtout ne pas penser, ne pas se souvenir. Ne pas dormir ? Ne pas rever. Ne pas grossir ? Ne pas vivre. Le gras, c'est la vie !
Malgré certaines longueurs et un affaissement de rythme, toutes les pièces du puzzle s'imbriquent parfaitement. Faire confiance au réalisateur est parfois très jouissif. Même si le noyau du film rappelle forcement un Fight Club, celui-ci possède son idendité propre, sa mythologie et ses références aux maitres du genre.
Au final, un plaisir non édulcoré et de belles pointes d'émotions. Merci aux machinistes du film