Un problème de crédibilité
Je n'aime pas trop la musique, les actrices et leurs personnages ne me touchent pas (excepté la siphonnée), certaines scènes sont absurdes quand elles ne frisent pas l'improbables... Et bien que tout le monde soit un peu coupable, j'ai tout de même plus envie de chatier la réalisation plutôt que le scénario. Mais ce qui m'a le plus agacé, c'est toute cette explicitation maladroite, cette grande démonstration où il fallait que tous les éléments tiennent, comme une énorme pile de dossier bancale qu'il faut faire rentrer dans une petite valise. Pourtant, il y avait matière à faire un chef d'oeuvre avec une telle histoire, si on ne cherchait pas constamment à stigmatiser les gentils et à condamner les méchants à travers dix mille situations se succédant trop rapidement pour être cohérentes... oui, l'histoire donc, charcutée par un scénario à ce point manichéen, c'est lourd. Il aurait fallu qu'il soit moins riche, qu'il se limite au point de vue d'un seul personnage, peut être. Cette épuration aurait permis au réalisateur de nous cacher son côté gauche (ses mises en scène tiennent plus du compromis que de l'inspiration), et au film de plus nous tenir en haleine, avec un fil conducteur assez fiable pour ne pas me donner l'impression que certaines scènes tombaient comme un cheveu sur la soupe (alors qu'elles étaient certainement justifiées). Comme la scène de l'humiliation des femmes nues... Bon, esthétiquement, c'est drôle. Juste avant, le prêtre bénit des sèches linges. ('Zont plus de respect pour des sèches linges que pour des humains.)
En outre! C'est lorsque l'on va au bout des choses que les personnages fascinent. Alors quoi! Lorsque Rose donne la clef à la bonne soeur qui lâche le bras de Bernadette, on sent qu'il se passe quelque chose, que l'hôpital se fout carrément de la charité! Faites moi un fucking plan rapproché sur les gros yeux mouillés de la reine mère qu'on voit un peu à quoi elle pense! ...bon, ça ils l'ont fait... mais ils n'ont pas fait le regard antagoniste qui dit "ouai, je sais que tu sais que je sais"! Du coup on comprend moins pourquoi elle a les yeux mouillés! Tout s'enchaîne comme si le plus important était la suite. Mais non! Des fois, il faut mettre pause et aller bien au fond du darkside avec la caméra! C'est seulement comme ça qu'on rend crédible un personnage. Dans la dernière scène... il y avait enfin quelque chose. Je n'ai foutrement rien ressenti pendant tout le film, mais à cet instant, je n'ai pas osé cligner des paupières. Elle, et nous dans ses yeux pendant 20 secondes, assez longtemps pour sentir le poids d'un drame.