Au dix-neuvième siècle dans une Irlande ultra-puritaine furent fondées des "Magdalene Houses" afin de célébrer la plus grande pécheresse de l'Église. Ces institutions étaient des refuges destinés à recueillir les jeunes filles que la religion considérait comme perdues. En fait ces établissements qui existèrent jusqu'en 1996 furent de véritables prisons tenues par des nonnes rongées par le fanatisme religieux. Les jeunes filles y étaient enfermées souvent à la demande de leur propre famille et restaient bien souvent jusqu'à la fin de leur vie dans ce lieu de supplice .
L'histoire véridique de ce film se déroule en 1964. Margaret assiste à un mariage durant lequel elle se fait violer par son cousin.. Les parents de la jeune fille s'estimant déshonorés demandent au curé du secteur de l'emmener au "Magdalene House".
Rose donne naissance à un enfant dont le père s'est volatilisé . Devant cet affront la famille estimant qu'être fille mère est un sacrilège, elle rejoindra également l'établissement . tant considéré comme bâtard, le bébé lui sera enlevé par le curé avec l'accord de ses parents . Quant à Bernadette, pensionnaire dans un orphelinat,elle se fait remarquer par la directrice à plaisanter avec des garçons sans baisser les yeux . Considérée alors pervertie par le vice, elle sera contrainte de rejoindre l'institution religieuse.
Rarement un film a soulevé en moi une telle émotion. Il faut dire que le réalisateur Peter Mullan a basé son œuvre sur le grave sujet du fanatisme religieux en prenant un fait réel et non contestable. Ces nonnes, littéralement "aspirées" par Dieu, et totalement déconnectées, telle une secte, de le réalité du monde extérieur, interprètent de la manière la plus abjecte qui soit une religion dont les fondements sont totalement opposés. La méchanceté, la cruauté et même le vice étaient leur quotidien sans que leur hiérarchie n'y trouve à redire. En fait, l'attitude du clergé irlandais favorisait les idées les plus machistes qui soient en condamnant la gente féminine à une soumission forcenée . Tous ces arguments sont développés très courageusement dans ce film et l'on ne peut que se sentir révolté devant ces conditions carcérales rappelant les pires moments de notre histoire.
L'interprétation est éblouissante. Je ne peux m'empêcher de citer entre-autres d'Anne-Marie Duff, poignante dans le rôle de Margaret, Dorothy Duffy, bouleversante dans celui de Rose et Nora-Jane Noone, inoubliable dans le personnage de Bernadette. On perçoit sans peine combien les actrices se sont senties investies d'une mission, celle de rappeler qu'outre les femmes qui ont, dans ces endroits, subi un véritable calvaire, trente mille d'entre elles y perdront la vie. Les autorités religieuses faisaient- elles semblant de ne rien voir et de ne rien savoir ? Ces pauvres femmes étaient alors enterrées dans des fosses communes et leur nom n'apparaissait même pas sur le lieu de leur sépulture. Par leur sincérité et leur authenticité, elles comédiennes nous apportent un très grand moment d'émotion mais aussi de colère.
Si vous avez le bonheur de posséder le DVD de ce chef-d'œuvre ne manquez surtout pas de regarder dans le bonus le document émouvant au possible: "Les blanchisseuses de Magdalene". Vous entendrez des interviews de femmes ayant vécu ce terrible épisode de leur vie et qui en garderont les séquelles à jamais . Quant à moi, je fais entrer ce film dans mon top 10 . Merci pour tout Monsieur Peter Mullan.
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Ce film a obtenu:
- Le Lion d'Or à Venise en 2002 .