Une vraie claque ! Un film d'horreur psychologique beaucoup trop réaliste pour qu'on en sorte sans un vrai mal-à-l'aise, mais assez divertissant pour passer un très bon moment.
Le film commence par une fête familiale sur fond de musique traditionelle enjouée. Un des ados bien bourré entraîne alors sa cousine Margaret à l'étage pour la violer. Après la scène, Margaret revient bouleversée dans la fête pour le dénoncer. Commence alors un jeu de regards entre les membres de la famille qui laisse augurer du pire. Parce que c'est bien Margaret et non son violeur qui sera punie et envoyée faire l'esclave dans les couvents de la Madeleine (ainsi nommés en référence à la pécheresse Marie-Madeleine). Dès cette première scène, où la musique irlandaise guillerette contraste tellement avec la violence des rapports familiaux, toute la force du film se fait sentir et prend aux tripes pour ne plus les lâcher.
Il n'y a apparemment pas beaucoup d'action dans ce film qui décrit le quotidien des filles qui triment dans le couvent sous la surveillance des bonnes sœurs-géolieres, mais il est si chargé émotionellement qu'on est rivé à son siège et qu'on vit avec les héroïnes les humiliations mais aussi les petits moments de joie qu'elles traversent dans cette structure catholique si archaïque, rigide et manipulatrice. L'un des sommets du film est ainsi quand Margaret parvient à s'échapper du couvent par une porte laissée entrebaillée mais décide finalement de rentrer, par peur que les gens la traiteront de la même manière à l'extérieur. Plus qu'un film sur la pression morale religieuse en Irlande, c'est un film sur les sociétés occidentales dans leurs ensemble imprégnées des valeurs judéo-chrétiennes de culpabilité, de péché et de patriarcat.
Sans jamais tomber dans la caricature mélo ou le misérabilisme, et en mettant en scène des personnages profondément humains, The Magdalene Sisters est aussi un beau portrait de l'adolescence féminine et du dépassement de soi. Un tour de force.