Toute la noirceur de la neige.
Yury Bykov nous livre là un film poignant.
Alors qu'il apprend que sa femme va accoucher, la vie de Sergey bascule dans un effroyable tourbillon.
C'est dur et beau à la fois.
Les personnages semblent tous pris au piège comme l'est leur image dans le champ de cette caméra à longue focale. Ils n'ont pas la place de respirer et c'est comme s'ils tentaient - en vain - de sortir de ce cadre qui les étouffe.
Deux mondes s'opposent : celui sombre et dégueulasse du commissariat, où tous ceux qui y mettent les pieds sont des ordures à l'exception du couple endeuillé, et une nature resplendissante mais dont la virginité vient être polluée par l'homme.
Ce que l'on retient, c'est que l'homme reste une ordure quoiqu'il fasse pour essayer de se rattraper, de laver ses pêchés. Il a beau se démener pour s'améliorer - à l'image de Sergey qui choisit de rester en cellule malgré la fin de sa garde à vue -, sa nature le rappelle toujours.
Le pire dans tout ça étant que l'être humain n'est même pas condamnable. La mère du jeune Kolia, pourtant sensée représenter la lueur d'espoir dans cet univers pourri et la lutte contre la gangrène, ne peut que se rendre à l'évidence : son silence donne raison à Sergey quand celui-ci lui demande si elle aurait dénoncé son mari s'il avait percuté un enfant.
Ainsi, nul échappatoire ne s'offre à l'homme, hormis peut-être la mort qui semble venir libérer cette femme perdue.
The Major est une réussite, un film poignant et sobre.
Yury Bykov est pour moi une découverte et maintenant un réalisateur à surveiller.