Attention, cette critique contient nécessairement des spoilers.
Pour célébrer son départ inopiné, une bande de scientifiques, professeurs, docteurs, se rendent chez leur ami John. Assailli de questions sur les raisons de son déménagement, celui-ci finit par révéler qu'il a vécu 14 000 ans.
Le film d'1h30 se déroule intégralement en huis-clos, rythmé seulement par les questions-réponses liés à cette révélation, et quelques entrées, sorties ou déplacements de personnages. Et c'est bien vu et bienvenu, parce que cette folle situation se développe dans les conditions où nous aurions souhaité la recevoir, dans le calme, la discussion et la simplicité. J'aurais aimé moi aussi poser mille et une questions à cet homme, avec la même curiosité, prête à remettre en question mes croyances et mes connaissances pour l'imaginaire, l'inédit, le rêve.
Dans la facture du film, rien de notable à relever dans la mise en scène, ça ne paye pas de mine, ça ne transcende rien, mais ça fait le job. Je regrette quelques maladresses scénaristiques, comme l'annonce de la révélation qui arrive de manière maladroite, de même que la connexion avec le passé du personnage du psychiatre à la fin. Dommage également, et c'est le défaut principal du film, que l'on entre si grossièrement dans le terrain religieux. La logique de l'histoire de John peut rendre le fait qu'il ait été Jésus crédible, mais les échanges théologiques obsessionnels doublés des réactions exagérées de l'une des femmes alourdit considérablement l'ensemble. Et cela aurait pu se tenir s'il n'avait pas également connu Van Gogh, Colomb, et autres Bouddhas, alors qu'il a lui-même expliqué précédemment qu'il n'a traversé l'histoire que de son point de vue d'homme, en un unique lieu du monde pendant que les millions d'autres vivent une histoire différente. Ah oui, et je n'ai pas compris pourquoi John avait en permanence cet air souffreteux et grave. Vivre 14 000 ans n'a pas dû stimuler sa dérision.
Malgré cela, ce petit film sans prétention a le mérite déjà bien suffisant de faire réfléchir, de pratiquer son empathie et sa curiosité, et de se rappeler que nous ne savons rien.