L'homme de Hollande, c'est Philip Ko, tête d'affiche de cette petite production datant de 86. Malgré un budget qu'on imagine restreint, le film de Patrick Kong bénéficie du climat général dans lequel évoluait l'industrie au milieu des années 80. Grâce à un public local comme international très demandeur, l'ex-colonie produisait des films à tours de bras. Equipes techniques comme acteurs étaient habitués à travailler intensivement et avec un professionnalisme maximum. Au final, toute l'industrie en bénéficiait et même des œuvres peu inspirées pouvaient tirer leur carte du jeu. C'est le cas de ce Man From Holland, tombé depuis dans l'oubli le plus complet.
Comme beaucoup de longs métrages d'action à petit budget en provenance de HK, l'Homme de Hollande ne brille pas par son histoire. Il s'agit d'un polar mangeant à tous les râteliers : Guerre des gangs, police s'activant contre le trafic de drogue, tueurs professionnels, gweilos pourris jusqu'à la moelle... Tout cela est au programme dans un scénario qui manque évidemment de cohérence, comme de rythme, mais parvient un minimum à tenir debout pourvu qu'on ne soit pas trop regardant.
L'intérêt du film est évidemment ailleurs. Et, c'est avant tout dans le casting qu'on le trouve. Car en 1986, petit budget ne rimait pas forcément avec distribution de bras cassés. Ici, on a droit à un mélange aguichant d'acteurs confirmés et d'artistes martiaux puissants. Chez les premiers, on appréciera le professionnalisme du vétéran Kwan Hoi San, chef de gang convaincant, et la fougue de Ray Lui, presque trop intense pour l'intrigue qu'on lui donne à exploiter. Chez les seconds, on se régalera de l'habituelle prestation de chefs de triades de Michael Chan, avec une coupe de cheveux directement héritée de sa période années 70, et surtout l'alors excellent Philip Ko, impérial en tueur féroce. La présence de ces acteurs charismatiques permet au film de surnager malgré la faible intensité de son histoire.
Man From Holland a également pour lui cette petite touche bis Hongkongaise qu'on apprécie tant. Des scènes juste ce qu'il faut de barré (un tueur gweilo transexuel, des séquences de fesses vulgos...) apparaissent à intervalles réguliers permettant de combler le rythme déficient de l'ensemble du film. Combiné à une ambiance générale tirant sur le crapoteux et une bande son à base de synthétiseur et de guitares électriques (le Alan Parson's Project est une nouvelle fois à l'honneur) étonnamment efficace, Man From Holland attire une certaine sympathie. Quant aux quelques scènes d'action du film, elles ne disposent pas de chorégraphies très élaborées mais sauvent l'honneur grâce à un recours constant à l'undercranking qui confère une authentique sauvagerie à l'ensemble.
Rien de transcendant donc pour ce moyen Man From Holland mais son star power, son ambiance « sale » et ses petits débordements graphiques assurent le minimum de divertissement auquel on est en droit d'attendre.