Depuis le marasme post Avengers : Endgame que certains vous décrivent avec une constance opiniâtre qui force une certaine forme de respect, plus rien ne serait à attendre d'un film issu du monde des super héros standardisé made in Marvel Studios.
Et le pire, c'est que ce prêt-à-penser sous cellophane, au moins aussi vide que ce qu'il prétend brocarder, prospère sur le terreau de l'incertitude d'un producteur, dont la boussole déconne dans sa définition d'une orientation à prendre pour tisser une nouvelle fresque à la hauteur de celle des pierres d'infinité.
Il n'y aurait donc plus rien à attendre de The Marvels, dont beaucoup, des mois à l'avance, ont prédit le crash d'ampleur industrielle, dans un plaisir onaniste qui avait tout du morbide.
Le début de l'aventure donnerait presque raison à ces oiseaux de mauvaise augure, tant il ressemble à un « précédemment dans l'univers Marvel » digne des séries lâchées sur la plate-forme Disney +. Soit une certaine idée de l'expression « tendre le bâton pour se faire battre ».
Puis le film décolle soudain, pour aller droit au but et faire passer un plutôt bon moment. Certes, il s'agit encore une fois d'un scénario générique avec un méchant qui l'est tout autant, mais cela n'ennuie pas pour autant et cela se laisse suivre. Certes, certaines coutures de remontage se font sentir, mais la formule standard tant décriée a parfois ses avantages. Dont celui de plus ou moins masquer à l'écran les vicissitudes des coulisses.
Pour le reste, il pourra être retenu quelques bonnes idées, pour peu que l'on mette sa mauvaise foi ou ses passions tristes de côté. L'intrication du pouvoir des trois ne sera pas la moindre, faisant surgir une certaine originalité dans le spectacle, renouvelant de manière ludique et humoristique l'agencement d'une ou deux scènes d'action par ses changements d'héroïnes malencontreux.
Le fait de remettre un peu d'humain dans les relations entre super-héroïnes est aussi plutôt bien vu. Le juvénile fangirl de Miss Marvel, les regrets de Captain Marvel ou encore le ressentiment de Monica Rambeau, tout cela participe, par l'intrication, à donner un peu de chair sous le costume... Sauf qu'à peine traduits à l'image et exploités le temps d'une ou deux scènes, ces sentiments sont immédiatement évacués, tandis que les rancoeurs sont trop vite pardonnées...
Non, ce que l'on retiendra sans doute de l'entreprise, c'est la dynamique qui s'installe entre ces trois-là, plutôt réjouissante à l'écran et qui évite l'effet de regroupement Avengers, marquée par une certaine énergie et des actrices qui ont plutôt l'air concernées.
Et puis, l'idée que l'on chouine encore une fois sur le wokisme made in Disney – pensez donc, une blanche, une black et une arabe, mais qu'est-ce que c'est donc démonstratif ! - aura le mérite de bien faire rigoler le masqué. Surtout quand on célèbre par ailleurs le même wokisme dans d'autres œuvres pseudo-concernées tout aussi estimées que lourdingues...
Dommage par ailleurs que certains débordements ne soient pas plus maîtrisés, comme cet écart Bollywood qui aurait plus eu sa place dans un épisode des Gardiens de la Galaxie ou dans un Thor : Ragnarok, ou encore ces astro kitten, et le délire qui les entoure, qui bouffent l'écran et du temps de présence pour d'autres éléments bien plus intéressants.
En résumé, pas de quoi hurler "Oh Captain, ma Captain", même si l'on peut s'étonner d'être aussi indulgent devant The Marvels, alors que l'air du temps, parfois fétide, pousserait plutôt à en dénigrer les mérites.
Soit la même rengaine, et le même prêt-à-penser sous cellophane depuis 2019.
Behind_the_Mask, quantic dreams (are made of this).