Après le décrié - à juste titre - troisième volet des aventures de l’homme-fourmi, Marvel a fait marche arrière en décalant de plusieurs mois leur nouveau film afin de palier des effets spéciaux encore peu aboutis, notamment après la débâcle de Quantumania. Quelques mois plus tard, The marvels sort enfin sur grand écran, terni par des rumeurs diverses qui l’ont suivi tout au long de sa promotion marketing. Force est de constater qu’une fois encore, et sans véritable surprise, trop de mauvais bruit pour rien.
Là où Quantumania décevait, au-delà de son visuel chargé d’effets spéciaux non finalisés, c’était au niveau de son scénario. Censé lancer en grande pompe la phase V et son nouvel antagoniste, l’intrigue était semée d’incohérences et de facilités qui plombaient chaque initiative. Le défi était ici immense tant le doute reposait sur ses épaules, d’autant plus qu’il fait suite à pas moins de trois projets : Captain Marvel, WandaVision et Miss Marvel. Il est séduisant de voir que la réalisatrice s’est inspirée des éléments qui ont fait la réussite de ces trois projets tout en gardant une cohérence et une continuité parfaite dans l’univers. Rien n’est déconstruit, tout sonne juste, et c’est déjà un miracle, tant la saga est devenue chaotique.
L’idée maîtresse du long-métrage est le swap, résultant de la destruction de plusieurs points de chute (réseau de téléportation dans l’univers) et l’entremêlement des pouvoirs des héroïnes, les obligeant à collaborer. On a ici un vrai film de groupe où les pouvoirs de chacune est exploité. Finie la toute puissance de Carol Denvers longtemps critiquée, le film laisse place à plus d’humanité, exploite les faiblesses des personnages pour en faire ressortir leur force, ce qui renforce l’alchimie entre les personnages, qui se révèlent complémentaires. Le concept était casse-gueule et pourtant est parfaitement réussi ici. Cela permet d’approfondir avec brio les relations entre les personnages, on sent qu’il y a du vécu et qu’elles ne sont pas de banales comic-relief. Chacune a sa propre histoire et le film sait exploiter avec pertinence ses personnages.
Ce n’est pas la seule originalité du film, loin de là. Entre des visuels qui rappellent la beauté esthétique de Eternals, une séquence animée, style emprunté à Miss Marvel, et une scène de comédie musicale totalement nouveau ici, Nia DaCosta s’inspire de ce qui s’est fait de mieux et le fait bien. Les scènes d’action sont efficaces et s’enchaînent sur un rythme endiablé, avec des effets spéciaux de qualité et une 3D donnant une belle profondeur aux séquences dans l’espace, effaçant l’horrible gloubi-boulga visuel de Quantumania. Le film ne se démarque pas en étant révolutionnaire certes, il ne se revendique pas l’être d’ailleurs, mais il le fait avec une efficacité qui rend le visionnage hautement divertissant et galvanisant pour le spectateur. L’humour n’est pas aussi envahissant et lourd comme celui de Love and thunder, The marvels empreinte énormément à celui de Miss Marvel, avec ce vent de fraîcheur bienvenue, un humour qui peut ne pas convenir à tous mais qui fait mouche plus d’une fois, avec en prime une séquence avec des chatons, à la fois inattendue et irrésistible.
Peut-être que le montage aurait mérité d’être plus ciselé et que les séquences avec Nick Fury auraient pu être écourtées, n’apportant foncièrement rien à l’intrigue principale, contrairement aux séquences avec l’antagoniste qui se font trop rares par rapport à l’intérêt qu’on lui porte. En effet, et comme souvent avec Marvel, l’antagoniste n’a rien de marquant mais elle a le mérite d’avoir des motivations compréhensibles : l’attaque ciblée des trois planètes afin de récupérer un élément essentiel au développement de la vie sur sa planète est une très bonne idée, avec en prime un message écologiste pas si impertinent.
Après un notable Guardians of the galaxy Vol.3, la phase V repart sur de bons rails, à voir jusqu’où elle ira tant son destin s’annonce funeste : projets loin d’être inspirants et un antagoniste dans la tourmente, peut-être le dernier projet convaincant de la firme.