Trente-troisième film du MCU, troisième d'une Phase 5 qui peine à retrouver l'intérêt et le succès des foules de la grande époque (le cas des "Gardiens de la Galaxie 3" est à part), "The Marvels" est sans doute le long-métrage de la franchise qui symbolise le mieux l'état récemment fragilisé de Marvel par certains choix contestables depuis le feu d'artifice final de la saga des Pierres d'Infinité.
Appliquant sans génie la formule générique du MCU à un buddy-movie SF façon 90's, avec de surcroît une héroïne surpuissante qui a peiné à emporter l'adhésion, on ne peut pas dire que la première incursion en solo de Captain Marvel ait marqué les esprits par sa qualité, son succès ayant été en grande partie assuré par sa sortie opportuniste entre les deux "Avengers" et donc l'affrontement titanesque contre Thanos afin de lui donner un bref moment de gloire durant ce combat.
En somme, si l'on n'a rien contre le personnage (qui pourrait connaître de bien meilleurs développements pour se rattraper), ce n'est peut-être pas celui qu'on a le plus de plaisir de retrouver dans une suite.
D'ailleurs, même Kevin Feige et sa bande paraissent eux-mêmes le pressentir et préfèrent aujourd'hui lui adjoindre le soutien de deux autres super-comparses dans le deuxième volet de ses propres aventures pour lui faire obtenir les faveurs des spectateurs. Problème, si on a adoré "WandaVision" et, dans une moindre mesure, "Miss Marvel" (l'enthousiasme juvénile de Kamala Khan et de ses proches attachants entre autres), il n'est pas sûr que cet entremêlement tant désiré entre cinéma et séries Disney+ soit l'élément qui réussisse à galvaniser les foules autour de Captain Marvel tant l'exigence de fidélité à tout ce qui est estampillé MCU encourt le risque de laisser sur le carreau le plus grand nombre quant aux backgrounds déjà effectués sur Kamala et Monica Rambeau (et puis, contrairement à l'énergie débordante de Miss Marvel, la deuxième est un personnage secondaire bien moins mémorable de "WandaVision").
Liant donc ces trois super-héroïnes par un coup de magie scénaristique d'échanges téléportés auxquels le bracelet alien de Miss Marvel n'est pas étranger, "The Marvels" va malheureusement s'avérer être une nouvelle addition insignifiante au MCU.
Certes, quelques séquences prêtant bel et bien à sourire (un passage en comédie musicale, les idées autour de la chatte Goose, la fan-attitude de Kamala et les réactions de sa famille) vont lui permettre de se classer à un niveau de divertissement un poil meilleur que "Ant-Man 3" mais, même celles-ci donneront le sentiment de passer à la vitesse de l'éclair et/ou de ne pas être assez poussées dans un film s'agitant en vain dans le plus grand vide cosmique.
À l'instar des premiers "sauts" incessants entre ses personnages, "The Marvels" se déroule en effet sur un rythme frénétique, auquel on ne peut pas reprocher de faiblir par l'illusion de spectacle loin d'être avare en péripéties qu'il paraît offrir durant sa courte durée... mais avec la conséquence fatale de rusher absolument tout ce qu'il peut entreprendre.
Faute de faire mieux que de rapides résumés introductifs à celles venues du petit écran et de dépasser ce qui a déjà été proposé vis-à-vis du passé commun de certaines, le peu de développements accordé à ses héroïnes ne permettra jamais de les asseoir comme un trio décisif au-delà de la légèreté de quelques interactions. Emportées dans une intrigue cousue de fil blanc de bout en bout (pire que celle du premier "Captain Marvel"), sacrifiant à la fois le potentiel de l'opposition Kree/Skrull issue des comics et celui de sa vilaine transparente au possible (Marvel n'aura peut-être jamais fait aussi fort en la matière), ces "Marvels" ne seront jamais totalement désagréables à suivre en soi mais l'aura de vacuité entourant l'ensemble de leur quête ne s'arrêtera jamais de grandir, arrivant même à faire exploser en plein vol le petit effet artificiel de son grand huit perpétuel lors d'un climax enfin pensé comme plus dramatique mais tout simplement incapable de faire pointer la moindre émotion face à la terrible futilité de ce qui a précédé.
Pour conclure, on abordera évidemment le cas de la seule mais très importante scène post-générique annonçant enfin vraiment un événement plus qu'attendu dans le MCU. Mais voilà... Si l'on aurait pu être hypé comme jamais par celle-ci il n'y a pas si longtemps et ce qu'elle annonce pour l'avenir, elle ne résonne aujourd'hui que comme un acte désespéré afin de donner une raison d'être à un long-métrage qui n'en démontre en réalité aucune.
Peu importe le nombre de Flerkens invoqué pour nous amadouer, on ne recrachera aucune boule de poil signifiante devant Fury et ses drôles de dames.