Le justicier traque les criminels
Après une carrière remarquable dans le film de Kung Fu, Sharon Yeung se lance dans la production dans le milieu des années 90. Cette nouvelle orientation va, hélas, s'avérer beaucoup moins brillante et le fait que The Masked Prosecutor soit un des meilleurs films issu de cette nouvelle carrière n'est pas vraiment pour lui faire honneur... Non pas que le film soit raté mais c'est un long métrage standard, empêtré dans une volonté de plaire à un public aussi large que possible.
Herman Yau, le metteur en scène, a déjà prouvé sa valeur en tant que réalisateur en signant des cats 3 particulièrement barrés (Ebola Syndrome ou The Untold Story), un film engagé courageux et prenant (From The Queen To The Chief Executive) ou même des comédies grand public (Master Q 2001, Give Them A Chance...). Rien d'étonnant donc à le retrouver aux commandes de ce polar d'action mâtiné de drame, de comédie et même de love story ! Un programme chargé qui va se révéler le gros problème du film. A vouloir manger à tous les râteliers, The Masked Prosecutor se disperse et ne parvient pas à s'imposer un rythme. L'ensemble des genres n'est jamais relié entre eux, il n'y a pas le moindre esprit de corps. Peking Opera Blues de Tsui Hark, lui aussi, partait dans toutes les directions mais c'était de manière harmonieuse, tous les éléments s'imbriquant naturellement. Pas de ça dans The Masked Prosecutor. Comédie et romance sont manifestement superflues, ajoutés là pour attirer un public aussi large que possible. La romance ne va nulle part (Grace Yip est attirée par Jordan dés qu'elle le voit, le contraire ne se produit pas, la situation n'évoluera jamais !), ne s'intègre en rien à l'intrigue principale et ne permet même pas de développer les personnages. Intérêt : Zéro. L'humour est du même tonneau. Non pas qu'il ne fasse pas mouche à quelques occasions mais surtout parce qu'il brise l'ambiance générale du film, plutôt sombre, et le rythme (élément essentiel !) de l'enquête.
Cet éparpillement est on ne peut plus regrettable car Herman Yau se débrouille assez bien quand il suit la voie de son histoire policière. Il travaille avec soin les apparitions de son « prosecutor » (masques inspirés de l'opéra, cadrages obliques et ralentis bien placés), tente des développements ambitieux (un parallèle entre le personnage de Chan et le « prosecutor ») et met en scène, avec l'aide de ses chorégraphes, des scènes d'action efficaces.
Mais même ainsi, si l'on met de coté les digressions inutiles relevées plus haut, le film reste largement imparfait. Essentiellement, parce que le mystère sur l'identité du « prosecutor » ne tient guère longtemps. Une fois éventé, la progression du film doit se faire sur autre chose. Le drame humain que connaît le personnage permet à peu près de prendre la relève du suspense défaillant mais, là aussi, le résultat n'est pas totalement satisfaisant à cause des motivations trop simplistes du « prosecutor » (Danny Lee style).
Une chose est sure : Le Masked Prosecutor ne viendra pas hanter vos nuits après que vous ayez visionné le film. Vite vu, vite oublié, pourrait être sa devise.