Une partition angoissante
Je m'attendais à un film construit autour du Maitre, de son "oeuvre".
Finalement, The Master relate l'histoire de Freddie, avant toute autre chose. On ne connaitra pas la naissance du mouvement sectaire (La Cause), et ce qu'on voit de son évolution, on ne l'apprend que par les yeux du protagoniste, alcoolique, sujet psychotique, parfois violent. Le film est bâti autour du personnage de Joaquin Phoenix (dont la prestation est impressionnante), jusqu'à l'environnement sonore...
En effet, durant les trois premiers quarts du film, la musique, dissonnante, irrégulière, est stressante et angoissante. Elle met mal à l'aise, nous place dans un état de tension quasi-permanent. C'est ce qui m'a le plus perturbé, et nul doute que l'effet provoqué était voulu. Pour moi, elle représente à elle seule la condition de Freddie, son état mental, puis l'emprise du Maitre sur lui. Et lorsque dans le dernier quart, la musique angoissante s'estompe, s'arrête, on comprend que le lien est rompu. Elle est troquée contre une autre partition en toute dernière scène, et l'interprétation de cette fin, abrupte, m'échappe encore.
D'ailleurs, après réflexion, il est bien possible que certains moments ne soient qu'illusions. La psychose de Freddie transparait dans la musique, elle transparait aussi dans les images (comme ce coup de téléphone qu'il reçoit, mais je pense que ce n'est pas le seul).
Un film perturbant, servi par des acteurs incroyables (avec Seymour Hoffman, on a l'habitude - j'ai été franchement bluffée par Amy Adams, véritable Maitre dans l'histoire, elle est effrayante !) et une bande-son qui mériterait l'Oscar à mon avis. Je lui reprocherais tout de même quelques longueurs et j'avoue que la chute, difficile à interpréter, me laisse un peu sur ma faim.