The Master (of disappointment)
Ce film fut pour moi une épouvantable déception même si il est loin d'être mauvais. Paul Thomas Anderson ayant réalisé There Will Be Blood et Magnolia, le premier ayant été une baffe sur tous les niveaux tandis que le second fut une sacrée claque émotionnelle, je partais plus que confiant. Comme à l'accoutumée pourtant on constate l'impeccable travail du cinéaste au niveau de la forme. Que ce soit au niveau de la mise en scène tout bonnement délicieuse ou de la photographie très soignée, il n'y a pas à dire c'est du très bon boulot. PTA ne perd rien à son sens du cadrage et nous livre une oeuvre visuellement très aboutie.
Mais je n'ai pas accroché des masses au film. La faute à une mise en route d'une lenteur et d'une lourdeur effarante. On ne sait pas où ça nous mène, on a le droit à un défilé de scènes grossières pas subtiles pour un sou et diable que c'est long. Je me suis passablement ennuyé à ce moment-là, ça ne partait vraiment pas sur les meilleurs auspices. Après je trouve que le film décolle réellement à partir de la rencontre entre Freddie et le Master. Paradoxalement, malgré un certain ennui, j'étais intrigué par le film et l'évolution de ses personnages. Le vétéran alcoolique, profondément détruit, va renouer avec la vie grâce aux thérapies de Lancaster qui s'avèrent être totalement douteuses même si fondées sur un principe de "thérapie scientifique". Ca n'a ni queue ni tête mais Freddie revit et va ainsi épouser non pas les idéaux de son "maître" mais devenir un véritable adepte de la personne.
Philip Seymour Hoffman confirme tout le bien que je pense de lui, il offre une excellente performance. A la fois humain, modeste et inquiétant. Joaquin Phoenix par contre m'a beaucoup moins plu. C'est du surjeu à l'état pur mais qui ne m'a vraiment pas convaincu, son tic avec sa lèvre supérieure m'a vraiment irrité. Il en fait des tonnes et ça m'a complètement sorti du film par moments. A côté de ça, on retrouve Amy Adams dans un personnage qui parait discret au premier abord mais qui s'avère véritablement inquiétant et impitoyable. Une très belle performance sur le coup, j'aurais aimé la voir oscarisée.
Mais ce qui me gêne véritablement c'est le traitement clinique du film. C'est austère, froid, ça ne transmet pas grand chose. Puis ça hésite à livrer un véritable propos, on sent que PTA a le cul entre deux chaises d'où mon ressenti d'un manque de réelle maîtrise. Pourtant le sujet de départ m'emballait, j'aime ce qui touche à l'endoctrinement, aux sectes. Mais je n'ai pas ressenti grand chose du fait de la froideur avec laquelle Anderson aborde ses thèmes. Quelques scènes restent (je pense à une incroyable scène de "nues" très surprenante) mais dans l'ensemble je suis vraiment déçu par The Master même si les intentions sont là et que techniquement c'est superbe. De plus la bande-son rend particulièrement bien, discrète mais d'une grande efficacité. Dommage qu'en fin de compte ce film m'ait juste laissé indifférent, j'en attendais tellement plus...