The Master, film encensé par la critique m’a laissée perplexe. Le propos est séduisant : traiter des balbutiements de la scientologie par l’intermédiaire d’un vétéran, tout juste débarqué de la guerre. Les deux acteurs sont excellents, Joaquin Phoenix, méconnaissable en marin violent abîmé par l’alcool et son vécu de guerre, et Philip Seymour Hoffman, personnage jovial et charismatique, dispensant sa pensée avec une douceur mêlée d’une certaine violence.
A peine a-t-il posé le pied à terre, Freddie Quell réembarque, cette fois sur le bateau de Lancaster Dodd, et c’est le début d’un rapport intrinsèque entre les deux hommes, qui entrent tous les deux dans une interdépendance. Ce penseur critiqué est obligé de fuir des dissidents et de partir en mer pour tenter de cesser de se justifier. Sa famille qu’il dresse devant lui comme pour se donner de la contenance et se conforter dans ses convictions n’est pas exactement ce qu’il pense. Sa femme radicalise ses principes et le ramène lui-même hors de ses additions, tandis que les plus jeunes mènent une conduite douteuse. Si le travail des plans ou de la photographie sont indéniables, le scénario peine à livrer le message. Que veut-on montrer : l’enrôlement ? Une certaine relation maître-esclave ? Ces tentatives semblent n’aboutir à rien. Ni le rapport entre les deux hommes, ni la psychologie détraquée de Freddie Quell ne sont explorées en profondeur malgré le jeu des acteurs. J’aurais aimé apprécier le film, qui a été pour moi davantage une déception.