The Master par Cinemaniaque
Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais hélas, hélas, je dois bien le confesser : Paul Thomas Anderson m'a déçu. Certes, depuis 10 ans le cinéaste fait preuve d'une radicalisation narrative de plus en plus poussée mais elle s'accompagnait toujours d'une mise en scène élaborée et dense, lyrique (Punch-Drunk Love) ou baroque (There Will Be Blood) bref quelque chose de réellement cinématographique. The Master, c'est l'explosion de talent d'un duo de comédiens (Joaquin Phoenix plus trouble que jamais et Philip Seymour Hoffman au sommet de son art) mais aussi une réduction à une succession de champs-contrechamps : PTA sait qu'il a un casting d'enfer et leur laisse toute lattitude pour s'exprimer. Pourquoi pas, mais pas au détriment du reste : une réalisation un peu fainéante, un scénario un peu confus, un montage qui perd un peu son spectateur. On espère un envol, une dénonciation sans détour de la scientologie, mais le cinéaste s'y intéresse moins, comme à son habitude, qu'aux relations humaines destructrices. À la différence que dans les précédents films, il y avait autre chose sur le côté pour renforcer la lutte psychologique entre les personnages... Reste la splendide musique de Jonny Greenwood et la puissance intrinsèque du film, qui met le spectateur k.o. Mais que le réveil est dur...