En voilà une entreprise improbable ! Wim Wenders derrière la caméra, Bono (oui, oui, le leader de U2) au scénario et Milla Jovovich (pour une fois très bien) en héroïne désaxée : même Luc Besson n'aurait probablement pas songé à un cocktail aussi détonnant ! Le résultat final est en demi-teinte, séduisant parfois autant qu'il lasse à d'autres moments. En effet, nous retrouvons avec plaisir cette grâce inouïe qui caractérise souvent la mise en scène de Wenders, à base de caméra mobile et de plans aériens d'une élégance dont il a le secret. De plus, certains passages ont vraiment de quoi marquer, à l'image de cette étrange relation Tom Tom - Eloise, ou encore de cette étonnante galerie de personnages secondaires, où Peter Stormare en John Lennon et Mel Gibson dans un étonnant rôle de policier se taillent la part du lion. Oui mais voilà : si le film a donc incontestablement ses bons moments et de vraies qualités cinématographiques, le scénario n'est pas toujours à la hauteur, Bono délaissant trop régulièrement l'aspect policier pour livrer une étude de mœurs pas inintéressante, mais pas franchement captivante non plus. Surtout, le réalisateur des « Ailes du désir » commet une terrible erreur en offrant le rôle principal à Jeremy Davies : déjà que le héros est très agaçant, ce dernier le charge d'une manière outrancière, empêchant souvent le charme d'opérer comme il aurait dû... Heureusement, le chanteur de U2 a eu la bonne idée de se charger également de la musique (à quelques morceaux près), et Wim Wenders de nous offrir une fin à la hauteur de son talent, ce qui est toujours ça de pris... Ambitieux et respectable donc, mais trop inabouti pour séduire pleinement.