The Mirror, de son vrai nom Oculus, raconte deux histoires en parallèle : celle d'un frère et d'une sœur vivant une expérience traumatisante durant leur enfance, et leur histoire présente qui fait écho à celle-ci.
En effet, le film est bâti sur deux axes qui se font sans cesse écho, à la manière du roman It de Stephen King : les actes des enfants dans le passé conditionnent leur façon d'agir dans le présent car ils affrontent un mal cyclique qui a tendance à répéter ses actions. A la manière d'un miroir, puisque c'est ce dont il s'agit (l'objet hanté du film est un miroir), le film nous renvoie un reflet déformé du passé par le prisme du présent, qui le copie mais l'inverse (l'enfant victime devient l'assassin).
Ainsi, on découvre ce qui s'est passé il y a dix ans dans la maison en même temps que l'on assiste à la tentative des protagonistes de faire la lumière dessus, mais qui ne parviennent qu'à provoquer de nouvelles tragédies en rappelant à la vie un passé qui ne demandait qu'à rester refoulé. A ce titre, le personnage de Tim est le plus intéressant car il est justement celui qui a refoulé son traumatisme, bien aidé par son séjour en maison de délinquants (ou équivalent) où un psychologue est parvenu à le convaincre que ce qu'il avait vécu n'avait été qu'un drame familial de plus, et que sa culpabilité dans l'histoire (c'est lui qui a tiré sur son père pour sauver sa sœur) l'avait amené à trouver en un objet anodin, le miroir, le responsable des morts, afin de ne pas voir sa véritable implication dans la tragédie. Le passage où Tim explique à Kaylie à quel point leur histoire peut être regardée sous un angle rationnel (le tout mis en images sous nos yeux, avec des réinterprétations de scènes que l'on vient de voir) est excellent et aurait même pu faire pencher le film du côté de l'horreur psychologique à la Deux soeurs de Kim Jee-Woon.
Mais finalement, Oculus reste un "simple" film d'objet hanté, ne cherchant jamais plus que ça à nous faire douter, et c'est l'une de ses principales qualités à l'heure des films aux monstres psychologiques tels que The Babadook de Jennifer Kent.
Au niveau de l'horreur pure, on retiendra des apparitions inquiétantes sans "jump scares", ce qu'il est toujours important de noter. Malgré une esthétique très léchée qui pourrait rappeler les récents Sinister/Insidious et autres, le film met en images de véritables séquences chocs, toutes liées à la manipulation dont sont victimes les esprits des gens pris dans le champ d'effet du miroir : à partir de là, difficile pour chacun de savoir ce qui arrive réellement ou ce qui n'est qu'un mauvais tour. C'est grâce à cette ambiguïté que le film nous tient en haleine, car même lorsque rien ne menace les héros, on se demande si cette tranquillité n'est pas simplement un mirage pour les forcer à relâcher leur attention !
Oculus n'est pas un film qui fera date dans l'histoire du cinéma, mais il propose une expérience intéressante, à défaut d'être réellement originale. Porté par des acteurs convaincants moyennement connus, et un montage habile sur deux axes temporels, Oculus est un film à voir pour ceux qui cherchent un film d'horreur pure pas trop bête pour passer un bon moment.