Merlin
6.2
Merlin

Série NBC (1998)

Merlin est un DTV en deux parties qui livre une version intéressante du mythe arthurien puisqu'elle se fait du point de vue de l'enchanteur Merlin.
De sa naissance à sa vieillesse, on suit Merlin (incarné en majeure partie par Sam Neil, convainquant et investi dans son rôle), un demi-homme (et demi-démon) qui doit évoluer du mieux qu'il peut dans un monde dans lequel il n'a pas sa place.


En effet, il représente l'ancienne tradition (un polythéisme fondé sur les éléments tels que la terre et l'eau) à l'heure des nouvelles (la montée du christianisme) mais refuse la finalité de sa propre nature : il a été créé pour ramener au goût du jour des préceptes auxquels il croit, mais préfère sa vie de mortel (d'homme "normal" en somme) à celle de magicien au service d'une cause.


Ainsi, Merlin donne parfois l'impression de naviguer au fil des époques, en ne suivant que ses instincts et en refusant systématiquement d'être instrumentalité, ce que tous les personnages du films cherchent à faire. Cette profondeur est, à mon sens, le principal argument du film.


Visuellement réussi, le long-métrage met également en scène quelques passages plus connus du grand public avec la présence du jeune Arthur dans la deuxième partie du film, de la cité de Camelot, ainsi que de l'antagoniste Mordred. Mais au final, c'est bien l'histoire de Merlin qui nous est conté, puisque l'échec d'Arthur est clairement montré comme le sien : en effet son fardeau (la reine Mab cherche à se venger de lui depuis qu'il l'a quittée et s'en prend donc logiquement à Arthur et à ce qu'il a construit) est au final ce qui amène la perte et la destruction de ceux qu'il aime.


Nous assistons donc à la vie de Merlin avec ce qu'elle implique de réussites, d'échecs, de romance et de mauvais choix. Sa romance en filigrane avec Nimue donne de l'air au film, et se permet d'ailleurs de sacrés rebondissements.


Notons enfin que l'histoire racontée se permet des libertés appréciables, mais également des choix plus drastiques : par exemple, la romance entre Arthur et Guenièvre est clairement montrée comme politique (à la question "Est-ce que tu l'aimes ?" Arthur répond "Elle fera une très bonne reine"), et celle entre Guenièvre et Lancelot est à l'origine une manipulation de Mab qui ensorcèle la jeune reine. En réalité, seul Merlin semble connaître le véritable amour, mais il en souffrira tout au long du film !


Au niveau du casting, on note la présence de poids "lourds" tels que Rutger Hauer qui campe l'excellent Vortigern, l'ennemi de Pantragon, mais aussi Martin Short et Helena Bonham Carter qui forment un couple bizarroïde dont la tournure tragique inattendue apporte encore de la profondeur aux personnages. Même le personnage de Mab (Miranda Richardson) délaisse souvent son aspect cliché de méchante de Disney à l'occasion de scènes où sa conscience et son amour pour Merlin (qui reste son enfant d'une certaine manière) la tourmentent.


Une bonne surprise, qui n'a pas tant vieilli que ça (grâce aux décors réels, à part certaines prises de vue de Camelot en Cgi, et aux costumes convaincants), et qui vaut aussi le coup pour le casting et l'aspect "conte tragique" qui sied parfaitement à la légende arthurienne.

Emzy
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le 29 avr. 2015

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Emzy

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