Réalisé par l’indien Anurag Kashyap, ce film est inspiré de l’histoire du tueur en série Raman Raghav, ayant sévi à Mumbai entre 1965 et 1968.
Un homme d’une quarantaine, fasciné par Raman Raghav, alias Sindhi Dalwai, décide de reprendre son flambeau. Comme lui, il pense être envoyé sur terre par Dieu, « Kanoon » pour éliminer les personnes n’ayant pas à être sur terre. Il tue par nécessité. Son chemin est mêlé à celui du commissaire de police Raghavan, drogué à la coke, et tuant parfois sous l’emprise de la drogue, parfois sous l’emprise du manque. Raghavan cherche à l’arrêter mais Raman se joue de lui, et lui avoue à la fin qu’il est son âme sœur.
Ce détail d’âme sœur diffère clairement avec le vrai personnage de Raman. Dans le film, il se dit fasciné par ce meurtrier, et applique chacun de ses comportements. Pourtant, avant l’inculpation de Raman, trois psychiatres avaient réalisé plusieurs entrevues avec lui, dans le but d’un bilan médical sur sa santé mentale. Il était persuadé que d’autre personne tentaient de lui faire des propositions homosexuelles, et que celle si le transformeraient en femme. Dans le film, lors d’une altercation avec un homme, on voit bien que le personnage est réfractaire à toute idée homosexuelle, en insultant copieusement un homme l’ayant traité de PD à cause de ses boucles d’oreilles. Mais à la fin du film, Raman avoue ses sentiments envers Raghavan, et ne suis donc plus la façon d’être du tueur en série, pour pouvoir mieux faire avancer l’histoire, et mieux intégrer le personnage du commissaire. Autre détail évidemment respecté ; le choix des armes pour tuer. Tous deux utilise une arme lourde et émoussé, un marteau ou un tuyau dans le film. En dehors du détail sur l’orientation sexuelle de Raman, les deux personnages restent extrêmement similaires. Ils ont tous deux cette croyance fixe et irréfutable d’être un être surpuissant, un Shakti dans la vrai vie, ou l’équivalent d’une caméra surveillance dans le film.
Le film est également fort dans sa façon de confronter deux âmes damnées. Le personnage de Raghavan est plus mystérieux. Il est dur à comprendre, car instable. Il se pense tout puissant grâce à la drogue, et rabaisse constamment sa petite amie, la menaçant d’une arme dans son propre lit. Mais il transmet une certaine fascination. Il semble déterminé à coffrer Raman, mais sans pour autant réellement chercher à l’attraper. Durant l’entrevue entre Raman et la police, il semble troubler de la façon dont le meurtrier raconte ses motivations, qui pour ce dernier, sont clairement justifiés. Mais lors de sa discussion avec Raman dans sa cellule, il ne veut pas accepter leur similitude et ignore tout simplement ces révélations.
Chapitré comme un roman, le film suit l’ascension morbide des personnages de manière délibérément explicite. D’une noirceur violente, le massacre de sa sœur, son beau-frère et son neveu, étant d’une violence physique et psychologique insoutenable. Le film s’éparpille en puzzle et détour chronologique, privilégiant parfois les flash-back. Mais quand Raman tue, la musique s’emballe avec notre esprit, symbolisant l’adrénaline qui monte à la tête du tueur, et nous emmenant dans son esprit. On en vient à aimer les scènes de meurtre, pour se replonger dans cette ambiance macabre et psychédélique à la fois, transmise par une image plus que maitrisé.
Kashyap ne privilégie aucune méthode, il alterne plans séquences, montages serrés, angles de vues tordues, couleur vive et surimpression -notamment dans le générique, où le film semble vouloir nous exploser à la figure.
C’est une rage débordante qui est transmise dans ce film, le coté macabre transmise par Raman et cette folie sombre par Raghavan.