Hollywood nous a bien habitués aux films d'action qui sont constamment dans une surenchère d'explosions, de cervelles rependues et d'effets spéciaux. Ils deviennent toujours plus violents, toujours plus spectaculaires et on les mate tranquillement posé sur notre canapé à l'occasion d'une soirée entre pote, une bière dans une main, une pizza dans l'autre. Un bon cinéma de divertissement où l'on regarde les effusions d'hémoglobine avec autant d'émoi que si on regardait le voisin d'à côté en train de cultiver son jardin. Oui, Hollywood nous a habitué à la violence mais celle qu'on sait fausse. On garde une espèce de distance de sécurité qui nous permet, de voir un mec se faire buter, d'esquiver un sourire tout en bouffant du pop corn sans passer pour le sociopathe du coin.
Et c'est cette fameuse sécurité qui fait défaut dans ces chefs d'œuvre du cinéma coréen. The Murderer en est un très bon exemple.
Pendant plus de 2h, on s'engouffre toujours plus dans la bestialité de l'espèce humaine. Le réalisme dont fait preuve Na Hong-Jin installe en nous un véritable malaise qui retourne l'estomac. Il nous offre de l'ultra-violence sans pour autant tomber dans l'excès comme a pu le faire Kim Jee-Woon avec le néanmoins très bon J'ai rencontré le diable.
Il va prendre comme fond le contexte socio-politique des Joseon-Jok pour nous peindre un univers urbain sombre. On va de course poursuite en course poursuite sans nous laisser reprendre notre souffle. On se voit s'enfoncer dans la noirceur de l'homme où aucun retour n'est possible, où aucun espoir n'est permis. Désormais, seule la survie compte.
Na Hong-Jin décide de ne pas suivre une narration classique avec un dénouement de l'intrigue habituel. Tout semble chaotique, on ne sait pas où l'on va, ni quand tout cela va s'arrêter. Rien ne semble prévu et on a l'impression que tout part dans tous les sens au rythme des événements. On perd tout nos repères, on oublie qu'on a à faire à un scénario préalablement écrit renforçant considérablement ce réalisme angoissant. Ce n'est qu'une fois le générique de fin qu'on se rend compte à quel point la narration est excellente et extrêmement bien menée.
Une chose est sûre, c'est qu'après le magnifique The Chaser, Na Hong-Jin tape encore très fort avec ce 2ème long métrage parfaitement maitrisé, d'un pessimisme accablant où l'on en sort complètement épuisé.
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