Attention spoilers !
The murderer a.k.a The yellow sea de Na Hong-jin était pou r moi la plus grosse attente de 2011, The murderer est son second film, c'est toujours très périlleux de faire un second film surtout après avoir réalisé un chef d'œuvre. A 'heure actuelle où les thrillers coréen commencent à s'enfoncer dans une routine inquiétante (no mercy, the man with no name, etc...), The murderer sort du lot sans difficultés.
Le film dure 2h20, et pourtant le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer, il n'y a quasiment pas de temps mort. Le film se transforme en course poursuite suite à un assassinat qui tourne mal, il reprend le même style que son prédécesseur. Mais là où « The Chaser » n'utilisait la course poursuite qu'en tant qu'instrument du film, The murderer l'utilise en tant que moteur du film. Le réalisateur l'utilise jusqu'à en tirer son essence même qui apparait bien absurde.
Le seul gros point négatif du film est la manière de filmer caméra à l'épaule, ce qui en rebutera certains, hélas je ne fais pas partie des adeptes de cette technique. La première heure a donc été assez rude pour moi et il a été très difficile d'apprécier pleinement le spectacle. Mais passé cet obstacle esthétique, The murderer est jouissif et intense. Cette course poursuite se transforme rapidement en jeu de massacre, à coup de vengeance toujours plus sanglante.Tout ce qui passe sous la main des protagonistes devient une arme potentielle, les poursuites en voitures sont dantesques et sales. L'ambiance générale s'impose d'elle-même, la violence n'est pas gratuite et elle n'est pas cool du tout. C'est brutal et ça fait mal comme dans les films de Miike.
La violence finit par se retrancher dans un paroxysme hallucinant (ils auraient du interdire le film aux moins de 16 ans), au point d'arriver à un niveau d'absurdité assez rare dans ce genre de films. Le résultat en est impressionnant, dans la salle les spectateurs ne pouvait pas s'empêcher de rire face à l'absurdité de certaines scènes. La violence qui apparait comme quelque chose de banal et habituel pour les protagonistes, est en apparence juste aberrante et grotesque. Le film est un monument d'Humour noir qui provoque des rires crispés (gênés ?). La violence finit par se transformer en mode de communication, on ne parle plus mais on tue pour exprimer ses sentiments.
Ce n'est pas un film noir, bête et méchant, au-delà de l'analyse de la violence et de la noirceur humaine, le film se lit à un niveau politique évident. L'immigration est l'étendard de ce film, s'intéressant aux minorités joseon-jok, il peint les rapports entre coréen et immigrés. Il se permet d'aborder le thème des passeurs en mer où les immigrés sont réduits à une autre forme de marchandise. Les problèmes de dettes étant le lot commun de plus en plus de gens, l'absurdité de cette quête vaine finit par apparaitre au spectateur à la fin. Lorsque l'on voit le visage du personnage principal s'endormant une ultime fois avant de subir le destin de tous les immigrés décédés en mer. Le cadavre dérivant le long des côtes coréennes, ultime métaphore du destin tragique d'un apatride. A croire que même après la mort l'âme n'a pas de repos.