The Neon Demon, c'est un ovni. Pour l'avoir revu récemment, je peux dire que ça passe ou ça casse. Je me souviens l'avoir découvert sur grand écran et ça m'avait hypnotisé. Là, je l'ai revu à la télé et le résultat n'est pas du tout le même, laissant les particularités de ce film se transformer en défauts... Des longueurs à ne plus savoir quoi en faire, une esthétique criarde et prétentieuses, des jeux minaudants, une horreur qui se fait désirer... Rares sont les films qui me font revenir sur ma première impression. En fait, je réalise que "The Neon Demon" n'est pas si accessible que ça et qu'il faut un certain lâcher-prise et une sensibilité spéciale pour plonger dans cet univers sombre voire lugubre. Là où mon avis reste inchangé, c'est que la radicalité des partis pris et l'esthétique prononcée du film mettent en exergue les paradoxes de la beauté féminine et ceux des quêtes de réussite. En fait, "The Neon Demon" est à regarder comme un rêve, loin des normes temporelles habituelles. Les scènes sont très longues (je m'en suis vraiment rendu compte à ma deuxième lecture), comme diluées dans le temps, l'action n'étant absolument pas resserrée. On découvre une jeune pousse fragile, vierge de toutes fourberies, qui débarque dans le monde impitoyable de la mode. Et bien qu'elle soit présentée comme une beauté froide à l'image d'une femme robot, elle occupe bien vite le rôle de brebis égarée dans une forêt infestée de loups sanguinaires. Hollywood devient un terrain de chasse sauvage et imprévisible où l'objectif d'un appareil est la récompense tant convoitée. Et c'est par cette métaphore là que m'est apparu le film d'horreur. Chaque plan est méticuleusement peaufiné ; l'esthétique du réalisateur se greffe dans tous les recoins. Les lumières occupent un rôle central et dessinent les contours d'un onirisme cauchemardesque. Cette atmosphère se fait sentir lors des shooting photo froids, immobiles, mortifères où l'âme des modèles donne l'impression d'être consumé par l'objectif. J'ai beaucoup aimé la bande originale de Cliff Martinez, endiablée et bizarre, qui créé l'âme vide et sourde du film. Le panel d'actrices est étonnant : Elle Fanning, d'abord, est intrigante car elle apporte à la fois de la naïveté jeune et une froideur dérangeante. Jena Malone est ici mise en infériorité en simple maquilleuse, ses inspirations sont énigmatiques tandis que sa scène finale perturbe. Ses deux rivales, Bella Heathcote et Abbey Lee, beautés fracassantes et effrayantes par leur économie de mimiques et de gestes, forment un duo de taille. La concurrence et l'intransigeance dans ce milieu sont des thèmes réalistes que dépeint ici Nicolas Winding Refn et il les pousse dans leurs extrêmes grâce à une touche prononcée de surréalisme déstabilisante qui ne fait pas forcément l'unanimité. Entre le souvenir d'un premier visionnage hypnotisant et un avis mitigé cinq après sur petit écran, il me vient une réflexion : vivement que les cinémas rouvrent pour qu'on apprécie à leur juste valeur des films de cet acabit.

alsacienparisien
7

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Créée

le 2 mars 2017

Critique lue 220 fois

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