Poison Girl
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
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le 8 juin 2016
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Je devais bien être l'une des rares dans mon entourage à ne pas attendre avec impatience le visionnage de The Neon Demon. Mon engouement limité avait pourtant des origines très simples. Après avoir frémi de plaisir devant Drive (2011) et senti mon âme éclater de bonheur devant Only God Forgives (2013), je n'attendais pas autre chose de Nicolas Winding Refn qu'un ultime film pour clore sa trilogie, avec bien évidemment Ryan Gosling comme personnage principal. Attente d'autant plus justifiée que Gosling lui-même avait mentionné la probabilité d'une forme de troisième volet, complétant sublimement un panorama cinématographique d'une rare qualité.
Alors forcément, lorsque je me suis aperçue que The Neon Demon tournait autour de l'univers du mannequinat avec pour héroïne une grognasse inintéressante au possible, j'ai un peu tiré la gueule. J'avoue. J'ai traîné les pieds, mais je me suis finalement lancée. Et je me suis pris un plat.
Commençons.
Le problème de The Neon Demon, c'est d'abord Jesse-J'veuxdevenircélèbre, avec sa gueule d'ange, ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Et là, déjà y'a un problème. Parce que quand l'actrice Elle Fanning vous débecte physiquement (j'y peux rien, sa gueule passe pas, elle passe pas), c'est déjà difficile d'accrocher au personnage, mais quand en plus le film pêche par défaut de crédibilité, là c'est encore un autre problème. Pendant une bonne heure, c'est la foire d'empoigne à qui vantera la beauté de la donzelle, son charisme, sa démarche, et j'en passe. Sauf que non. Je ne peux croire à un engouement pareil, lorsque je vois cette tronche aux bajoues tombantes, ces yeux hagards qui, de loin, la font ressembler à une sous-douée venue de la Géorgie profonde, cette plastique d'un fade absolu et ces lèvres tellement mal foutues qu'elles me donneraient presque envie de jouer du scalpel moi-même pour arranger tout ça.
Oui, j'exagère, mais pas de beaucoup. Je ne comprends pas. Et quand je ne comprends pas, je m'agace, je lève les yeux au ciel, et je soupire de lassitude en voyant ce grand créateur tomber en pamoison devant une gamine de 16 piges comme s'il venait de rencontrer une création divine en personne. Le jeu de Fanning est insupportable de mollesse et d'une fausse lascivité qui fonctionnera sans doute sur les prépubères persuadées d'être lesbiennes ou bi parce qu'en ce moment c'est la mode il paraît. Et Hollywood nous le fait bien sentir. Les mecs gays c'est démodé, maintenant, pour être hype, il faut à tout prix incorporer une scène de lesbiennes ou une tension sexuelle de mes deux entre vagins. Et ça me déçoit de toi, Nico. Ouais, ouais. Fais pas le malin.
Niveau personnalité, on n'est pas mieux servi. Sans transition, on passe de la jeune adolescente fraîchement sortie de sa cambrousse, qui ne veut de mal à personne et qui sourit à tout le monde, à la pétasse maquillée comme un camion volé par les frères Jourdain qui clame à tout va : "Mé tou le mond ve étr kom moa lol". Adakor. Pourquoi pas. Je suis surprise de l'absence de subtilité dans le travail et l'évolution psychologique d'un personnage que tout le monde semble porter aux nues, mais ma foi. Au fil du film, et entre deux images psychédéliques à la Black Swan, rien ne donne la moindre clef sur cet égo surdimensionné qui naît au bout d'un défilé.
Par ailleurs, en parlant de parallèles cinématographiques, le film souffre gravement de la comparaison avec ses deux prédécesseurs. On retrouve avec un plaisir vite étouffé un Los Angeles sans cesse glorifié dans Drive (la ville atteignant quasiment le rang de protagoniste à part entière), là où TND se contente de montrer quelques vues citadines de loin, et une balade en voiture nous faisant amèrement regretter celle de Gosling et Mulligan. De la même manière, la lumière qui subjuguait chaque plan dans Only God Forgives ne s'avère ici qu'inutilement criarde, violente et dénuée de sens réel. Quant à la bande-originale, Cliff Martinez semble souffrir du même manque d'inspiration que son réalisateur attitré, puisqu'il ne livre ici que des morceaux certes travaillés, mais bourrés de fioritures et superficiels au possible. On est loin des tribulations harmonieuses et nerveuses de Drive, et des morceaux viscéraux d'OGF. Bref, une panoplie de ratés qui ne pardonne pas, surtout après les claques infligées par les œuvres précédemment citées.
The Neon Demon déçoit, car il promet ce qu'il est incapable de donner. Les scènes s'enchaînent davantage en clamant l'art pour l'art qu'en souhaitant réellement tracer un fil rouge palpitant ou angoissant. On s'ennuie un peu, on attend un éclat quelconque, une scène surprenante, on s'étonne et s'attriste de pouvoir deviner à l'avance certains dialogues. On ne peut nier la présence de quelques belles séquences, mais ces dernières sont aussi creuses que les pages glacées d'un magazine de mode. On regarde et c'est beau. Mais la page se tourne, et il n'en reste rien. Pas de message, et il est peu envisageable de chercher à trouver une morale ou un avertissement quant au danger causé par les sirènes de la gloire à venir sur les podiums.
Qui plus est, pas un membre du casting ne tire son épingle du jeu, hormis peut-être Keanu Reeves, dans un rôle secondaire mais plutôt agréablement surprenant, en gérant de motel pervers et brutal.
On évitera de s'attarder sur des scènes nécrophiles aussi débiles qu'inutilement glauques, flirtant avec le grotesque, et une fin même pas aussi jouissive qu'elle aurait pu l'être, en fin de compte.
C'est dommage.
Parce que ç'aurait vraiment pu être bien.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes The United States of Hollywood., Les films devant lesquels il est interdit de manger., Ici, on coupe gratis., Perte de foi en l'humanité dans 3... 2... 1... et Ces films surcotés auxquels je n'adhère pas.
Créée
le 16 janv. 2017
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