Poison Girl
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
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le 8 juin 2016
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Entre Nicolas Winding Refn et moi, ça a très très mal commencé !!
C'est en 2011 que j'ai fait la connaissance, de manière très brutale avec le style "Refn", lorsque du haut de mes 14 ans, enfant dans l'âme, en octobre 2011, mon père m'emmena voir sans prévenir au préalable, ni sur le genre ni sur le scénario, son film "Drive", thriller et film Néo-Noir américain adapté du roman éponyme de James Sallis (2005) avec Ryan Gosling, Bryan Cranston et Ron Perlman, tagué de critiques élogieuses tonitruantes et auréolé du prix de la mise en scène acquit cinq mois plus tôt lors du 64ème Festival de Cannes. Ce fut terrible !! Un très mauvais moment long et éprouvant, une épreuve presque de l'ordre de la torture, du haut de mes 14 ans, "Drive" m'avait choqué à l'époque, choc qui aujourd'hui résonne encore en moi comme l'un des plus mauvais souvenirs de ma vie de spectateur de cinéma, qui m'a fait comprendre que j'étais une âme sensible. Ce fut une séance infernale, insupportable que cette surenchère de violence gratuite telle un camion en pleine figure, doublée de cette insupportable insociabilité antipathique du personnage joué par Ryan Gosling. Du coup ouais, autant le dire cache, depuis "Drive", Nicolas et moi, on est pas copains, Par la suite, désireux d'effacer "Drive" de ma mémoire, je me suis fermé à tout ce qui pouvait venir de Refn...jusqu'à en oublier son nom et qu'il avait réalisé "Drive".
Ce n'est que l'an dernier ou, au cours de mes études de cinéma en cursus d'Arts du Spectacle, lorsque mes professeurs nous avaient passé un extrait de "The Neon Demon" (que j'avais rapido entre aperçu à sa sortie en Juin 2016) que j'ai fait le lien avec "Drive" et reconnu qu'il s'agissait du même réalisateur ! Pourtant dégoûté par le film de 2011, les premières minutes de TND avaient suscité en moi un sentiment de curiosité/intéressé bizarre. Intrigué depuis fort longtemps (et encore plus après avoir vu entre temps les "Perfect Blue" et "Black Swan" que j'ai particulièrement aimés), j'ai décidé de redonner une chance à Refn.
Bon, "The Neon Demon", thriller-horrifique Franco-américano-danois,12ème film réalisé par le réalisateur-scénariste Danois Nicolas Winding Refn, à qui l'on doit la trilogie "Pusher" (1996-2005), "Drive" (2011) et "Only God Forgives" en 2013 (ces 2 derniers avec Ryan Gosling), nous entraîne dans le monde des mannequins avec un parti prix des plus marqués et des plus marquant !
L'histoire prend place à Los Angles, Jesse, jeune fille innocente de 16 ans dont la beauté n'a d'égale que la pureté, rêvant de devenir mannequin, est promise à un véritable avenir de star.
Cependant très vite, les autres femmes plus mures, vieillissantes, comprenant que la beauté de la belle enfant représente une véritable menace qui pourrait définitivement les mettre sur la touche, décident de tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues et éliminer toute forme de concurrence...au sens propre comme au figuré ! Très vite le rêve de princesse de Jesse va se transformer en véritable cauchemar d'horreurs inimaginables.
Jesse pourra-t-elle seulement survire, physiquement et psychologiquement à un tel enfer ?
Quelles horreurs se cachent derrière tous ces flash de photos, toutes ces robes et ces paillettes ? Peut on encore seulement parler de "Beauté" dans tout ça ? Et si sous ces enveloppes de femmes si séduisantes, si parfaites, se cachaient....de véritables démons aveuglés par l'instinct et le désir ?? Voilà pour le tableau global.
Verdict : ........alors là.......waouw....juste Waouw !!! Du PURE GENIE, il y a pas d'autre mot pour définir cette masterpiece, ce Diamant étincelant aux éclats de perfection absolue mêlant sur une même toile "Drive", "Perfect Blue" de Satoshi Kon (1999), "Black Swan" de Daren Aronofsky (2010), "Carrie au bal du Diable" de Brian de Palma" (1976), "Blanche Neige et les sept nains" de Walt Disney (1937), "It follows" de David Robert Mitchell (2015) et "Orange Mécanique" de Stanley Kubrick (1971) à travers une fresque cinématographique entre expressionnisme et peinture abstraite !!!
Oh là là, "The Neon Demon"....ce film mais quel film de fou, c'est vraiment hallucinant, les bras m'en tombent ! Voilà déjà 5 jours que j'ai visionné le dernier film de N.Winding Refn et je ne me remets toujours pas de l'électrochoc qui m'a secoué les tripes !
Difficile, très très difficile de me lancer de la décortication d'un tel film car rarement j'ai eu affaire à un film aussi dense, aussi riche à analyser, à tel point qu'il a fallu tant bien que mal attendre plusieurs jours pour ne serait ce que tenter vainement de "digérer" ce film (c'est le cas d'le dire !!), de calmer mon esprit ardent de critique amateur qui jamais auparavant n'avait connu un tel stade d'ébullition, un tel appel intérieur à l'analyse réflexive sur un film !
Mais bon sang par ou commencer sérieux, il y a TROP de trucs à dire sur TND, tout est absolument génial, tout est là, tout y est !
Avant toute chose, je pense que la première chose à retenir et la principale car c'est selon moi là qu'est la clé de compréhension et de tous vecteurs de sens de tout le long métrage de Refn : la couleur.
Avant tout le reste, cela nous frappe brutalement mais Windign Refn le met d'office en valeurs, TND est un film sur la couleur !!
Dès les premières secondes Refn la joue magistralement cartes sur table, tout est sous nos yeux, tout le potentiel et la puissance du film sont là en à peine 5 minutes, coup de massue, le film nous met déjà visuellement K.O via la couleur, il est déjà gravé dans mon esprit comme un chef d'oeuvre esthétique !
Ne serait ce que dès les pétales rouges du logo de "Gaumont" qui tombent sur l'écran au début on pourrait même croire que c'est là pour caractériser le film (une fleur aux pétales couleur sang, chair fraîche ^^). Dès le début, "The Neon Demon", par son générique, l'apparition des noms des acteurs ect avec en arrière plan, un fond coloré changeant sans cesse de couleur toute le deux secondes, passant du rouge vif au bleu-pourpre, traduit déjà une tension chromatique significative (un peu comme le générique d'ouverture de "West Side Story" de 1962 d'ailleurs) nous mettant sur la voix .Une tension chromatique doublé du caractère inquiétant de la musique ou là aussi se dresse déjà un certain caractère de dualité dans l'aspect sonore ou Refn oppose des mélodies lourdes et rauques avec des petits cliquetis légers puis les paillettes qui s'ajoutent et donne un court instant une atmosphère trompeuse de fairytale.
Et ce n'est qu'un début ^^ (vous pouvez lâcher cette critique si vous êtes fatigués, je vous préviens juste car ça va être encore plus profond après ça xD).
Par la mise en scène d'une Jesse immobile, couchée sur un sofa en plan moyen, le réalisateur donne le ton d'une excellente manière en anticipant d'ors et déjà la fin; amenant plongeant tout de suite le spectateur en pleine confusion et l'amenant à un profond doute sur l'identité esthétique de l'image (le rouge est il de la peinture ou le sang de Jesse ?). Tout comme Alex dans le premier gros plan fixe d'"Orange Mécanique" avec le regard caméra, Refn semble prendre son spectateur à témoins, il commence par nous rebuter et même...par nous provoquer (on a l'impression d'avoir affaire à un défi, une énigme). Il semble jouer sur le même principe que Kubrick, rebuter son spectateur plutôt que de lui donner envie...pour justement renforcer cette envie ! (on repensera aussi au Spleen Baudelairien: "le beau est toujours bizarre")
Nicolas utilise ici la couleur à 1000% à des fins dramatiques, et rarement j'ai vu un film jouer aussi bien sur ses caractéristique chromatique. Rouge, violet, bleu, blanc, couleurs froides/couleurs chaudes, jamais la couleur ne m'avais semblé avoir une telle puissance, de réussir à s'emparer visuellement de moi et véhiculer une aussi riche palette d'émotion (limite avec ce film, une couleur = une émotion). Winding Refn ne réalise pas un film nan, il "peint" avec sa caméra, il "parle" avec les couleurs à travers les décors et les personnages.
Le film dégage vraiment une surpuissance qui nous remue de l'intérieur. A la fois captivant, passionnant, attirant, intrigant, beau, féerique...et en même temps tout son contraire: troublant, rebutant, repoussant, glauque, morbide, on passe d'un coloris à l'autre, parfois sans qu'on ai le temps de souffler ou de cligner des yeux, on est tout simplement happés pendant 2h dans ce tableau en trompe l'oeil (l'expression est bien choisie ^^), dans une histoire qui de loin, peut quasiment s'apparenter à un conte de fée transposé dans le milieu des mannequins, dotée d'une critique très crue du star système sur fond de vanité de la beauté physique,sa superficialité, posant la question de l'être et de l'apparence, critiquant aussi la femme dans sa dimension d'objet de désir, de fantasme réduite à être une poupée qu'on maquille, qu'on "fabrique" et qu'on peu jeter lorsqu'elle devient inutile; une immense tapisserie de réflexion et d'interprétation vernis de nuances de fantastiques.
Tout ce côté supposé fantastique se ressent avec notamment la présence constante du miroir dans les plans. Des fois, on ne manquera pas de penser de très près à la méchante sorcière de Blanche Neige ("miroir mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle"). Le doute est aussi présent car Refn réussi très bien à accorder fantastique et folie.
Le miroir est aussi un élément central indissociable du film.
Le miroir qui nous rappelle aussi un autre conte: Alice au pays des merveilles colle d'ailleurs bien avec le délire mis en place. Avec le miroir, le réalisateur installe un jeu sur la question du regard qui se superpose au regard des personnage (notons que les premières parole de Ruby aborde le regard: "tu trouves que j'te mate ?"). Les personnages sont comme cernés par les miroirs, dans les lieu et dans les plans serrés qui peuvent s'interprétés comme un étouffement ou encore dénoncer le narcissisme dans une histoire ou tout tourne autour de la beauté physique (Jesse est enviée par les autres qui la regardent...donc les miroirs seraient comme l'incarnation matérielle du regard des autres jalouses. Jesse serait en quelque sorte "prisonnière" des regards, et à plus grande échelle avec la lune lorsque elle même la compare à un oeil).Refn utilise également les miroirs pour montrer à l'image le double jeu des mannequins; le miroir comme dédoublement des personnages.
J'irais même jusqu'à supposer une pointe d'allusion religieuse dans tout ce sous texte ultra dense (comme si ça suffisait pas xD). Genre
avec la chambre de Jesse au motel (motel...une référence inconsciente à "Psychose" ?? ^^) et les motifs végétales de la tapisserie qui pourraient être une sorte de mini jardin d'Eden (d'autant que Jesse, est vêtue de blanc et de bleu, qui lui donne l'air d'un ange ou plus encore, de la Vierge). C'est à ce demander si Refn n'aurait pas incruster les 7 pêchés capitaux ici et là (théorie plausible à mon avis) vu que base le film parle de Jalousie.
Encore et toujours plus génial (comme si le film l'était pas assez hein ^^), Nicolas joue sur le point de vue et arrive brillamment à jouer sur la question...sans s'emmêlé les pinceaux. en jouant sur les dialogues énigmatique et le montage, coup de maître, on n'est plus sûr de ce qu'on sait et de ce qu'on doit savoir, on ne sait pas si le personnage de Jesse sait ou pas, si l'on a affaire à un illusion, si l'on est pas dans la tête du personnage ou à l'extérieur
(en témoignera la fameuse scène du défilé de mode, désir psychédélique ou l'on voit Jesse dans le noir qui se dédouble (?) avec ce motif omniprésent du triangle, un peu comme le rêve de Duke dans "The Big Lebowski", ou encore le moment ou la jeune fille voit...ou croit voir une panthère dans sa chambre, certainement une référence à "La Féline" de Jacques Tourneur, en 1942).
On est ici bien plus dans du cinéma de personnage dont ici, ce sont plus les conflits externes et psychologiques qui imposent le rythme du récit, et pourtant, le film ne m'a absolument pas paru long ou vide, tant la beauté d'Elle Fanning éblouie (la femme dans "The Neon Demon" est à la fois là pour faire fantasmer les personnages internes au film et les spectateurs qui regardent le film).
L'actrice de "Super 8" (2011), "Maléfique" (2014) et doubleuse de Félicie dans le récent film d'animation franco-canadien "Ballerina" (2016) a vraiment un charme diabolique !!
Pfiou, bon ben, on va s'arrêter là (parce qu'il faut quand même songer à conclure cette thèse indigeste, bravo à ceux qui auront tout lu ^^). Pour conclure, "The Neon Demon" est pour moi une claque de cinéma comme j'en prends rarement, c'est plus qu'un film, c'est une oeuvre d'art si j'ose dire quasi picturale, doublée d'une expérience émotionnelle intense donnant, ce genre de film qui vous fait comprendre que le cinéma est un art vraiment puissant. Un conte de fée/descente aux enfers dans l'univers du star-système élitiste des mannequins, dualité parfaite entre beauté et laideur, enfer et paradis, conte de fée et cauchemar morbide, du sang et des paillettes ! On en ressort chamboulé et sonné, me voilà réconcilié avec Refn :)
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Créée
le 13 janv. 2018
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