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The Neon Demon était clairement une attente insoutenable. Si le nom de Nicolas Winding Refn ne suffit pas à me donner envie, on ne peut pas en dire de même du nom des acteurs (surtout actrices) et de la photographie à couper le souffle. Doté d'un synopsis particulièrement alléchant, le nouveau Refn était sur la ligne droite pour un éventuel prix au festival de Cannes. Au lieu de cela, il a récolté de nombreuses critiques négatives, pointant du doigt une nouvelle fois l'arrogance du metteur en scène, et l'inintérêt du film.


Pourtant, il n'en est rien. Le long métrage est bien la claque annoncée, claque esthétique et visuelle, de la beauté des actrices, d'Elle Fanning à Abbey Lee. The Neon Demon est une lutte pour la beauté, un combat sanglant contre Jessie, jeune adolescente mineure arrogante qui se voit propulser dans le monde de la mode en y faisant une ascension fulgurante. Dès le générique, Refn explique aux spectateurs ce qui l'attend, NWR devenant une marque qu'on poste en bas de l'écran. La caméra s'éloigne pour comprendre l'enjeu de la mise en scène, et symbolise aussi le film en lui même : une beauté sanglante, un tragique destin.


Ce qu'on ne peut reprocher au cinéaste, c'est de s'entourer des bonnes personnes. Si Cliff Martinez à la bande originale m'a vraiment déçu, proposant des thèmes cinglants et stridents (qui, certes, sont en accord avec l'image et la renforce mais n'est pas belle pour autant), on ne peut pas en dire de même pour la photographie. Une esthétique qu'on voit rarement au cinéma, un jeu de couleurs permanent, un style unique ; c'est ce qui définit le film. Chaque scène a sa propre esthétique, tout est soigneusement stylisé, prouvant, malgré les dires de beaucoup, que Refn n'est pas moins qu'un très bon réalisateur. Les actrices sont toutes superbes. Si le choix de Elle Fanning m'avait un peu surpris au premier coup d’œil, femme que je ne trouve pas particulièrement belle, elle est époustouflante. Un charisme fou, c'est ce qui la définit. Un regard perçant et qui veut tout dire, c'est ce qui la caractérise. La scène où est tirée l'affiche du film, avec un petit ralenti lorsqu'elle ouvre le rideau, est la plus remarquable. Toutefois, Elle est talonnée de très près par Abbey Lee et Jena Malone. La première, dont la carrière a été boosté par Mad Max Fury Road, possède un charme peu croyable tant elle fait oublier ses camarades dès qu'elle apparaît sur scène. Jena Malone, et par la même occasion Bella Heathcote sont des choix judicieux aussi.


Toutefois, The Neon Demon est loin d'être un film d'horreur, comme se plaît de le dire Refn, mais n'est pas non plus un film que l'on pourrait qualifier de "normal". The Neon Demon est malsain, dérangeant, rebutant. Rien ne dérange Refn dans ce qu'il montre, mais pour autant il y a de quoi. Une scène à la morgue vraiment malsaine et glauque, et un final surprenant, entre autres.
The Neon Demon est osé et renversant, une oeuvre qui laisse place aux femmes, contrairement à ce qu'a fait Refn auparavant. Il ne cherche pas forcément à dénoncer le monde cruel de la mode, mais à ériger un personnage féminin qui le fascine, un peu comme Ryan Gosling dans Drive.



Parfois j’avais l’impression de parfaitement saisir de quoi parle THE
NEON DEMON : ce n’est certainement pas un documentaire sur la mode,
c’est plutôt à propos de l’obsession de la beauté




  • Elle Fanning


Le personnage d'Elle est fascinant. Et ce tout au long du film. On se plaît à suivre son évolution dans la monde, à voir ce monde à travers ses yeux innocents mais pourtant qui cachent un vice au fond d'elle même. Refn la désigne d'ailleurs comme le "poison" du film, l'origine de tout ce chaos à Los Angeles.
Si les thèmes abordés n'ont rien de nouveau, entre la déshumanisation et le culte du physique et de la beauté, The Neon Demon revisite les classiques en proposant une vision grinçante d'un démon de néons, qui n'est autre qu'une simple créature dont la beauté suscite des tensions.


Malgré tout, The Neon Demon laisse sur une note amère, une sensation assez vague, impossible de réellement savoir si l'on a aimé ou pas, sans doute dû à l'accumulation de certaines séquences certes belles mais relativement peu utiles, et des dialogues parfois peu inspirés.


Et pour ceux qui ne se remettent toujours pas de l'ego de Refn dans The Neon Demon, avec son nom qui apparaît une bonne dizaine de fois :



Qu’est ce que j’en ai à foutre ? Je ne vais pas être soumis à
l’opinion de gens qui aiment ou n’aiment pas. Ce que j’ai fait, c’est
la seule chose que je pouvais faire. Si certaines personnes ne
l’apprécient pas, cela ne me dérange pas. Je ne vais pas juger leur
opinion. Je dis juste : « voici ce que je voulais faire. » Si cela
inspire d’autres – par admiration ou haine – tant mieux. C’est
l’essence de la créativité.




  • Refn, cinéaste égocentrique qui a réalisé l'un des plus beaux films de 2016.

Créée

le 9 juin 2016

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Marvellous

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