Nous sommes à la fin des années 80, Shane Black rencontre le succès dès son premier scénario avec Lethal Weapon et sa suite. Il enchaîne avec Le Dernier Samaritain au début des 90's , avant de connaitre des échecs retentissants avec Last Action Hero et Au revoir à jamais. Sa carrière est entre parenthèses, avant qu'il tente un premier come-back en 2005 avec Kiss Kiss Bang Bang, mais malgré un excellent accueil critique, ce sera un nouveau flop. Il va s'accrocher et à chaque décennie, il revient tel le phœnix et signe Iron Man 3. Ce sera un énorme carton, certes prévisible grâce à un univers Marvel des plus lucratif, mais le plus important est ailleurs. Il va pouvoir revenir à un genre qu'il affectionne : le Buddy Movie. Avec The Nice Guys, il signe son meilleur film en modernisant ses propres recettes, pour donner un ton fun et burlesque grâce à un duo exceptionnel Ryan Gosling et Russell Crowe.
L'histoire se déroule dans les années 70 à Los Angeles. La cité des pseudos anges regorge de pervers et psychopathes en tout genre. Moyennant finances, Jackson Healy (Russell Crowe) les remet dans le droit chemin en leur déplaçant la mâchoire grâce à son poing très américain. Holland March (Ryan Gosling) est un détective privée de bas étage, vivant avec sa fille Holly (Angourie Rice), toujours là pour lui remettre les idées en place. Par un curieux hasard, ce duo va devoir enquêter ensemble pour retrouver Amelia (Margaret Qualley), la sosie d'une célèbre actrice de porno qui vient de perdre la vie.
"On est jamais mieux servi que par soi-même" cet adage sied à merveille à Shane Black, réalisateur et scénariste, qui peut aussi compter sur son vieux comparse Joel Silver à la production. Une liberté artistique non négligeable dans le cinéma actuel où les franchises, remakes et adaptations pullulent sur nos écrans pour le meilleur, mais trop souvent le pire. Il va se faire plaisir en continuant d'explorer le filon des Buddy Movie, en créant un duo étonnant et détonnant.
Dans Lethal Weapon, Mel Gibson restait le point central de l'histoire, Danny Glover étant plutôt un second rôle. Il en était de même dans Le Dernier Samaritain avec Bruce Willis accompagné de Damon Wayans. Cela ne sera pas le cas cette fois-ci, avec deux acteurs pouvant prétendre être chacun en haut de l'affiche. Un statut qui permet de les mettre sur un pied d'égalité, même si on a toujours une préférence pour l'un des deux. Russell Crowe est un rustre, il a le poing facile et n'aime que ses poissons. Ryan Gosling est un imbécile tellement drôle, qu'il remporte l'adhésion. Ils se complètent à merveille, mais ce n'est pas seulement un duo avec la présence de Angourie Rice, le cerveau de l'équipe. C'est la petite surprise du film, avec la présence d'une troisième larronne dans l'équipe, tel Joe Pesci dans Lethal Weapon. Shane Black est malin, il va mettre une enfant dans les pas de ses héros, comme il avait mis le jeune Austin O'Brien dans ceux d'Arnold Schwarzenegger pour Last Action Hero. Il ne fait que recycler ses idées, car comme vous le savez "c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures".
La sauce prend très bien et on va se régaler face aux aventures de ce trio. La performance de Ryan Gosling est exceptionnelle dans le rôle du bouffon de service. On va le voir se ridiculiser maintes fois, que ce soit aux toilettes, dans ses multiples chutes, face à son amour pour la bad girl, ses gémissements pas très virils, sa découverte de la coke où encore sa nage parmi les sirènes. Pour compenser sa propension à se mettre dans de mauvaises postures, on a Russell Crowe dans un rôle pas si éloigné de celui qu'il tenait dans L.A. Confidential. On va par ailleurs croiser Kim Basinger, comme un clin d’œil à cet excellent polar des 90's. C'est le muscle, celui qui frappe avant de poser les questions. Comme dans tout Buddy Movie qui se respecte, ils n'ont rien en commun et pourtant ils vont devenir les meilleurs amis du monde, surtout par la grâce de la jeune et innocente Angourie Rice. Elle est la révélation du film et se montre à la hauteur du prestigieux duo.
Les dialogues signés Shane Black sont le principal atout de cette oeuvre burlesque. Il excelle dans ce domaine, mais se montre tout aussi efficace derrière la caméra. Même si le film a une légère baisse de rythme en cours de route, il se reprend pour conclure de belle manière son histoire. Au contraire, le scénario manque de matière et ne sert qu'à mettre nos héros dans des situations inconfortables, mais souvent drôle. Au final, on s'en fout de l'intrigue tant on se régale à suivre ce duo. C'est parfois absurde, souvent décalé et déjanté, mais toujours avec bon goût. Puis, il y a cette bande son des 70's à base de soul, disco et funk. Elle donne encore plus de saveur à une oeuvre dont on sort avec le sourire, tant sa folie est contagieuse.
Il y avait une énorme attente pour ce film et elle va être comblé. On passe un excellent moment en compagnie de ses détectives dans un des films les plus drôle de ce premier semestre 2016. Puis, un film où se trouve une licorne est forcément excellent.