C'est un brave gars, Shane Black. Après une embardée Marvel, il retrouve la route qu'il connaît le mieux. The Nice Guys est donc un film fun et à la cool qui satisfera l'amateur d'entertainment décomplexé. Les années soixante dix servant de décor à l'intrigue séduisent, avec son art inimitable de l'association de couleurs et de textures improbables, ainsi que sa merveilleuse BO qui déchire. Mais cela ne tire jamais vers le mauvais goût. Les personnages, eux, sont instantanément sympathiques, flanqués qui plus est de la demi-portion habituelle. Le duo et demi enquête donc dans les bars, dans les hôtels, dans les fêtes qui sentent bon la Marie-Jeanne, beaucoup, et le sein découvert, un peu. Les investigations se laissent suivre sans mal. Même avec une certaine jubilation, perlées des bons mots de Shane Black scénariste et de son sens de la réplique dont on se souvient longtemps après la projection.
The Nice Guys est donc un film super sympa à suivre et se plonger dedans est un réel délice, même si le rythme de l'enquête se perd un peu en route. En effet, quinze minutes de moins et le timing aurait été parfait, mais le défilé de trognes et de personnages charismatiques tout au long de l'aventure assure le spectacle, comme par exemple l'arrivée de Matt Bomer, ainsi que le quota d'humour parfois décapant, souvent méchant, mais qui fait toujours mouche.
Tout cela fait que The Nice Guys comblera l'amateur qui retrouvera son Shane Black préféré, la caméra toujours alerte et la vanne facile qui tombe la plupart du temps juste.
Le seul défaut du film, c'est d'arriver après le mythique Kiss Kiss Bang Bang. Car The Nice Guys, tout bon qu'il soit et armé de tout le plaisir qu'il communiquera pour sûr, paraît presque dans chaque compartiment de jeu un ton en dessous. Là où Kiss Kiss Bang Bang apparaissait sombre, The Nice Guys se montre solaire, tirant parti de ses très jolis décors. Là où les personnages du premier étaient démesurés dans leur folie, le second la troque contre une cool attitude attirante mais peut être un poil plus lisse. Enfin, là où Kiss Kiss Bang Bang devenait totalement foutraque et enquillait une bonne idée à la minute, The Nice Guys est plus posé, un poil plus indolent, d'où peut être cette légère impatience qui est née dans mon esprit pendant la séance, attendant certainement à tort de me retrouver une nouvelle fois avec ce qui est, pour moi, LE meilleur film de Shane Black ever.
Or, s'il ne renoue pas avec la folie du trio Robert Downey Jr / Val Kilmer / Michelle Monaghan, The Nice Guys trace sa propre route et construit sa propre identité dans un buddy movie haut de gamme irrévérencieux où les gamines sont noyées dans les effluves de pétards, regardent sans sourciller du porno et où les héros fument comme des pompiers tout au long du scénario.
Et derrière la caméra, le réalisateur, l'oeil goguenard, semble avoir pris un sacré pied à tourner son dernier effort. Allez Shane, "bang"-moi encore !
Behind_the_Mask, grand gourmand, qui réclame plus de kiss et davantage de bang.