Dans une Australie sauvage et reculée, en proie à la guerre civile, notre protagoniste voit sa famille se faire massacrer par un groupe de brutes, et se lance dans une vengeance. Non, vous ne lisez pas le pitch de « Mad Max » ! Il s‘agit de « The Nightingale », qui se déroule en Australie coloniale (ou plus exactement en Tasmanie) et où l’héroïne, en prime allègrement violée, pourchasse ses agresseurs, qui ne sont autres que des soldats britanniques.
Le film est moins un rape & revenge qu’une vision très noire de la période coloniale, dépeinte comme vraiment pas glorieuse. Entre une population blanche majoritairement composée de condamnés, les opportunistes qui les exploitent sans vergogne, les soldats britanniques qui semblent être la lie du corps militaire, et les Aborigènes en cours d’extermination ou d’assimilation, personne n’en sort grandi !
Jennifer Kent pointe la barbarie de cette époque en insistant sur la violence et le peu de moralité de ses personnages. A ce niveau, on peut saluer l’intention, tout à fait légitime. Mais l’exécution en fait souvent trop. Une violence parfois à la limite de la complaisance. Et surtout des méchants tout de même très excessifs, à un point que l’on ne peut plus vraiment comprendre leurs motivations, et qu’ils deviennent des figures trop abstraites.
On a compris que l’officier et le sergent pensent avec leurs gonades plus que leurs grenades, qu’ils ne sont pas finauds, et souvent alcoolisés. Mais au bout du cinquième viol et du quatrième meurtre, est-il encore nécessaire d’aligner les méfaits pour que le spectateur comprenne que ce sont bien eux les méchants ?
Néanmoins, la forme est intéressante. Aisling Franciosi est très impliquée en prisonnière irlandaise déterminée à se venger brutalement, qui va pourtant se rend compte qu’il n’est pas si facile de tuer quelqu’un et de vivre avec. Et la mise en scène est intéressante, exploitant les décors naturels, et optant pour un surprenant format en simili 4/3. Une manière de se focaliser sur les acteurs et leurs actes, souvent en gros plan, plutôt que sur un tableau général. Peut-être aussi une manière d’évoquer les débuts du cinéma, renvoyant aux instincts primitifs de certains personnages ? On reprochera cependant une durée un poil trop longue.
A l’arrivée, « The Nightingale » est une variation historique intéressante du rape & revenge, mais sa violence fait qu’il n’est pas à mettre entre toutes les mains.