Un volcan
En vérité, Lumet est un cinéaste que je redécouvre. Et « The Offence » m'a séché comme un uppercut à la pointe du menton, alors que je ne m'y attendais pas, que j'avançais, jovial. J'ai les yeux...
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le 21 mai 2014
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Tandis que je complète l'immense filmographie de Sidney LUMET, il me parait y voir l'expression d'un cinéaste de la discrétion, sans doute même de la modestie. J'ai la sensation que sa mise en scène s'illustre d'avantage dans l'apparente simplicité qui s'en dégage que dans une réelle recherche de spectaculaire. L'héritage du théâtre je présume. En œuvrant de la sorte, sa réalisation remet au centre de son dispositif le regard du spectateur et ce sur quoi il veut qu'il porte son attention, il parvient également par cette méthode à transcender ses personnages ou plus exactement à leur insuffler la force de caractère qu'ils méritent aux regards du scénario.
Cette remarque m'apparait particulièrement pertinente à propos de The Offence (1972), film méconnu et de façon injuste de sa filmographie, qui émane d'un désir de Sean CONNERY de se défaire de son image oppressante du plus célèbre agent secret et de celui de LUMET de s'émanciper des studios hollywoodiens. Il en résulte un film si noir, si pessimiste, si nihiliste que tous les décideurs qui avaient un intérêt à ne pas écorner l'image de la star écossaise ont littéralement sabordé son exploitation.
Dans une petite ville moyenne d'Angleterre, habitants et force de police sont sur le qui vive depuis qu'une série de meurtres d'enfants sont perpétués dans la région. Dans cette ambiance délétère où chacun se méfie de chacun le détective Sergeant Johnson, flic désabusé, revenu de tout, qui ne parvient plus à séparer son boulot et sa vie privée, à laisser au vestiaire quand il regagne son domicile les horreurs de son quotidien, arrête un suspect qu'il malmène jusqu'à commettre l'irréparable.
De là, on observe le malsain qui se dégage d'une confrontation que le film prend soin à ne pas tout de suite éclairer de la vérité. Et soudain, alors qu'on pensait avoir saisi l'essentiel, le montage nous dévoile ce que jusqu'ici, tant la narration que la mise en scène ne cessaient de nous crier mais qu'on se refusait à voir. La vérité dévoile la véritable identité du monstre dont il est question, le vertige est tétanisant et nous questionne sur notre réception et notre acceptation du mal au quotidien.
Film envoûtant et qui vient arracher à notre torpeur notre point de vue. Le point de vue pièce essentielle dans l'œuvre de LUMET.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma collection personnelle par ordre chronologique, Les meilleurs films de 1973, MON ANNEE 2023 EN CINEMA, FILMS VUS POUR LA PREMIERE FOIS CETTE ANNEE. et Les meilleurs films de Sidney Lumet
Créée
le 27 févr. 2024
Critique lue 11 fois
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