D’un comics déjà pas bien folichon, l’improbable réalisatrice du Secret de Lily Owens et Beyond the Lights décide de joindre ses forces à Charlize Theron et Netflix pour proposer un film d’action fantastique, adaptation fidèle donc de "The Old Guard" de Greg Rucka et Leandro Fernandez. Sorti en 2017, le roman graphique suivait un groupe de mercenaires immortels recrutant un nouveau membre tout en se faisant pourchasser par une firme pharmaceutique véreuse. Classique. Tellement classique que seuls les quelques graphismes sympathiques de Fernandez facilitaient la lecture. Pour le film, c’est exactement pareil.
Ne prenant aucun risque, transposant à la case près et au moindre dialogue la BD, Gina Prince-Bythewood propose un film incroyablement plat, chiant, inintéressant, où aucune réplique ne fera mouche, où les scènes d’action se ressemblent toutes et ne viendront jamais marquer la rétine, où les personnages enchainent tous les clichés des films d’action sortis depuis trente ans, où la mise en scène ratée et mollassonne nous fait passer ces 2h de bobine en calvaire interminable. En somme, The Old Guard est aussi insignifiant que la huitième merde lâchée en skred par ton poisson rouge. Il faut supporter cette escouade de Wolverines du pauvre tenter d’exister, menée par une Charlize Theron bien décidée à s’imposer en tant qu’action woman aux rides naissantes, coiffée comme dans Æon Flux (une autre adaptation de triste mémoire). Les rares cases de la BD suscitant de l’intérêt étaient les flashbacks de nos héros à différentes époques, faute de moyens on n’en aura presque pas ici. Super.
Empruntant autant à X-Men qu’à Jumper, Push ou encore Highlander, le long-métrage ne surprendra personne tant il est prévisible, déjà-vu, moche et jamais fun. Prince-Bythewood peine donc à clairement dynamiser correctement son récit, cadrant ses scènes d’action comme Andrzej Bartkowiak, balançant de la musique electropop inappropriée, filmant certaines séquences n’importe comment (ne mets pas un ralenti dramatique avec musique larmoyante et fondu blanc sur un personnage qui vient de mourir et dont on ne connait rien, ça-ne-mar-che-pas). Présenté comme un mauvais pilote de série TV, cliffhanger prévisible (un mot qui revient) à l’appui, The Old Guard est un produit périmé, sorti vingt ans trop tard et dont les enjeux dramatiques et les quelques réflexions sur « à quoi ça sert de se battre aujourd’hui ? le monde est trop méchant façon » semblent avoir été écrits par un gamin de onze ans entre deux heures de perm'. Jamais drôle, jamais époustouflant, jamais fun, une perte de temps.